En cas d'échec des négociations avec le Maroc, le chef du gouvernement sahraoui a déclaré que le Polisario «n'aura d'autre alternative que de reprendre les armes». Les sorties médiatiques multipliées par les responsables marocains après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies de la résolution 1871 le 30 avril 2009 y est très certainement pour beaucoup dans l'avertissement que vient de leur lancer Abdelkader Taleb Omar. En effet, malgré l'appel du secrétaire général de l'ONU à une reprise des négociations sans préalables entre le Maroc et le Front Polisario, le Royaume alaouite n'en a fait qu'à sa tête. Il a donné l'interprétation qu'il a souhaitée et voulue du contenu de la dernière résolution du conseil de sécurité comme il le fît d'ailleurs pour les précédentes. «Le Conseil de sécurité a qualifié exclusivement et une fois de plus les efforts du Royaume de sérieux et crédibles, il a affirmé la prééminence de l'initiative marocaine d'autonomie et a réitéré l'appel à des négociations intenses et substantielles, sur la base de réalisme et de l'esprit de compromis et en tenant compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006», avait indiqué le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération du Maroc au lendemain du vote et de l'adoption de la résolution 1871 qui, de son côté, stipulait: «Ces pourparlers doivent viser à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable et qui pourvoie à l'autodétermination du peuple sahraoui.» La diplomatie de Mohammed VI ne semble pas disposée à l'entendre de cette oreille et ne jure que par son plan de large autonomie, qui maintiendrait sous sa coupe les territoires du Sahara occidental annexés et colonisés depuis maintenant trente-quatre ans, en tentant de faire croire qu'il a trouvé gré auprès des instances internationales. Dans un tel contexte, il est tout à fait légitime pour le représentant du peuple sahraoui, non seulement de croire en la mauvaise foi des autorités marocaines mais aussi de douter d'un éventuel succès du 5e round de négociations qui devrait se dérouler à Manhasset dans la banlieue de New York à une date qui reste à fixer. Il faut dire que les choses n'ont guère évolué depuis la tenue du premier round de négociations le 18 juin 2007. «La direction du Front Polisario est très gênée par cette situation d'enlisement dans laquelle se trouve le conflit sahraoui. Elle veut passer à une autre étape et si le cinquième round de négociations échoue, nous n'aurons d'autre alternative que la reprise de la guerre», a déclaré, dans un entretien à l'agence de presse espagnole EFE, le chef du gouvernement de la République sahraouie. Abdelkader Taleb Omar doute fort de la médiation des Nations unies qui n'ont pas réussi à organiser le référendum d'autodétermination pour lequel elles se sont engagées en 1992. «17 ans sont passées déjà et pour d'aucuns, cela est plus que suffisant pour conclure que le Maroc n'a pas la volonté nécessaire d'avancer et que le Conseil de sécurité ne parvient pas non plus à imposer ses résolutions et obliger ce pays à les respecter», a tenu à préciser le responsable sahraoui. Mohammed VI qui est déjà en proie à une grogne sociale due à la détérioration des conditions de vie de ses sujets, ne peut se payer le luxe d'un conflit armé qui aura déjà coûté des dizaines de milliards de dollars à son Royaume depuis 1975.