Le Premier ministre réaffirme à qui veut l'entendre que l'anarchie sera bannie, que l'Etat algérien assumera pleinement ses décisions et ses responsabilités. Le gouvernement ne cédera pas au chantage. Le mot d'ordre est donné hier, par le Premier ministre M.Ahmed Ouyahia à l'Assemblée populaire nationale (APN), conforté par une majorité parlementaire qui lui est acquise. Ce dernier réaffirme à qui veut l'entendre que l'anarchie sera bannie, que l'Etat algérien assumera pleinement ses décisions et ses responsabilités. Plus important encore, Ouyahia promet d'agir sévèrement selon les règles de la République à chaque fois que le besoin se fera sentir. Le front social préoccupe le gouvernement. Le premier dossier abordé par Ouyahia, concerne les statuts particuliers des travailleurs de la Fonction publique qui patinent et empêchent des centaines de milliers de travailleurs de bénéficier de l'augmentation des salaires. «Cela ne peut plus durer. On n'attendra pas les retardataires», lance sur un ton tranchant le Premier ministre. Les retardataires sont les quelque 23 secteurs qui n'ont pas encore ficelé leur statut particulier et que Ouyahia accuse de vouloir marchander avec l'Etat: «Non, il n'y aura pas de chantage sur la République», précise-t-il en s'adressant aux syndicats des secteurs concernés. Une position confirmée à L'Expression par le ministre du Travail, M.Tayeb Louh. Le deuxième message est adressé aux hospitalo-universitaires. Le gouvernement les exhorte désormais à assumer pleinement leurs responsabilités au sein des hôpitaux publics après avoir répondu positivement à leurs revendications en instaurant une indemnité relative à la rétribution des activités de soins: «L'on ne peut empêcher un professeur de santé d'enseigner à l'université. C'est son droit. Mais nous sommes aussi en droit d'exiger la présence de ces professeurs au sein des hôpitaux publics.» Toute irrégularité sera sanctionnée. La performance, c'est ce que demande aussi Ouyahia aux enseignants de l'éducation nationale: «Vous voulez des augmentations, l'on exige des résultats», lance-t-il. En effet, l'orateur se demande à quoi sert d'opter pour la gratuité de l'école si nos enfants sont obligés de payer des cours supplémentaires. Aux jeunes, Ouyahia rappelle tout l'intérêt que leur accorde l'Etat à travers les différentes formules comme les microcrédits, la création de 1 million de postes d'emploi durant les derniers quinquennats, l'augmentation de la bourse, etc. En contrepartie «l'Algérie attend beaucoup de cette jeunesse». «Ce n'est pas en choisissant el harga que vous allez régler votre problème. Ce n'est pas aussi en optant pour les émeutes et la violence que l'Etat va fléchir. La violence sera sanctionnée», précise Ouyahia. Par ailleurs, le Premier ministre a confirmé le bien-fondé de la récente décision d'obliger les sociétés étrangères qui veulent activer dans le domaine du commerce en Algérie, à ouvrir à hauteur de 30% leurs capitaux. «Nous voulons combattre l'économie de bazar et réduire les importations», a-t-il ajouté, affirmant que «l'une des conséquences attendues de cette mesure, est la chute probable du volume des importations de l'Algérie qui ont atteint en 2008, la barre des 40 milliards de dollars, contre seulement 13 milliards en 2003. La réaction des investisseurs n'inquiètent pas le gouvernement: l'Algérie n'a pas besoin de capitaux mais de savoir- faire. Et sur ce chapitre, nous sommes très ouverts», souligne-t-il. Toujours dans le domaine des investissements, l'orateur a affirmé que «l'Algérie n'a pas besoin de rapatrier ses réserves de change placées en bons du Trésor à l'extérieur: rassurez-vous, l'Etat n'a pas hypothéqué ses fonds. Nous avons l'équivalent de cet argent sur le marché national. Cet argent ne sera pas placé dans des fonds souverains aussi». Un choix que l'Algérie assume et que la crise financière a fini par conforter. Ouyahia ne comprend pas aussi les craintes soulevées dans certains milieux au lendemain de la décision prise par le gouvernement d'instaurer l'obligation de traduire en arabe les documents juridiques: «Nous ne reculerons pas sur cette question. L'arabe est notre langue nationale et officielle. Après 47 ans d'indépendance, je pense que nous sommes en droit de prendre des mesures qui vont dans l'intérêt national.» Il soulignera dans son exposé que cette mesure ne s'appliquera pas à tous les documents. «Nous ne demanderons cette traduction que dans les affaires graves telles que les homicides», précise-t-il, affirmant que tous les moyens sont mis en place pour assurer l'application de cette procédure. Hier, Ouyahia a fustigé les ONG qui ont pris pour habitude de placer l'Algérie en bas du classement dans le domaine du développement et des libertés politiques: «Nous savons pertinemment à qui obéissent ces ONG.» Le Premier ministre, M.Ahmed Ouyahia, a réaffirmé hier qu'il n'y aura pas de «retour en arrière» de l'Algérie sur ses engagements avec les groupements économiques régionaux ou les organisations internationales. «Il n'y aura pas de retour en arrière sur l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE), ni sur celui portant création de la Zone arabe de libre-échange (Zale) ou encore l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).» Mais l'Algérie espère améliorer ses accords «que ce soit pour l'UE ou pour la Zale, il y a une partie des accords qui n'ont pas été respectés, il s'agit des investissements». L'Algérie compte rattraper cette défaillance à l'occasion des prochaines rencontres avec ses partenaires. Enfin, le Premier ministre a confirmé que l'Algérie se dirige résolument vers l'économie de marché qui «n'est pas synonyme d'abandon d'entreprises publiques»: «Les entreprises publiques qui ont un potentiel et un marché continueront à bénéficier du soutien de l'Etat», a assuré le Premier ministre.