L'absence de communication est, selon lui, derrière les amalgames nés autour de plusieurs sujets. «Je le dis sans complexe. Nous passons notre temps à démentir des informations fausses ou déformées parues dans la presse parce que nous ne communiquons pas assez», a affirmé jeudi à L'Expression M.Ahmed Ouyahia, le Premier ministre. La situation ne peut plus durer ainsi, a-t-il fait savoir. L'enjeu est de taille. Sur le plan interne, le Premier ministre regrette que les efforts consentis par le gouvernement sur les fronts socioéconomiques ou politiques ne soient pas bien ou pas assez expliqués. Sur le plan externe, la bataille est encore plus dure puisque c'est l'intérêt national qui est en jeu. «Nous comptons nous corriger, en améliorant la machine de communication de l'Exécutif en général. La question a fait l'objet d'une directive que j'ai signée au mois d'août dernier. Mais il y avait tellement de dossiers sur la table de l'Exécutif que je reconnais, là aussi, on ne s'est pas occupé sérieusement de cet aspect», poursuit-il. Le staff de Ouyahia compte se rattraper en saisissant chaque tribune qui se présente, que ce soit avec la presse, au niveau du Parlement ou lors des déplacements des ministres. «C'est comme une équipe de foot, le gouvernement doit améliorer son plan d'attaque s'il veut aboutir à ses objectifs.» Mais Ouyahia omet de préciser que dans un match de foot, la meilleure défense c'est l'attaque. Le gouvernement n'a jamais eu autant besoin de renforcer sa défense. Les attaques fusent des deux fronts, interne et externe. Une grande partie de ces attaques justement, est due au problème de communication: «Si on communiquait un peu plus sur les faits, on peut nous comprendre parfaitement ou d'une manière un peu déformée mais une chose est certaine: on n'aura pas besoin de faire de démentis.» Le chemin à parcourir paraît quelque peu long. Preuve en est, durant la présentation du Plan d'action du gouvernement, le Premier ministre a eu à corriger plusieurs faits, à apporter plusieurs démentis et mettre les points sur les «i» sur plusieurs dossiers. Parmi les reproches que fait Ouyahia à son staff, l'on note essentiellement la non-vulgarisation des programmes d'aides lancés depuis plusieurs années. Il citera à titre d'exemple, le secteur de l'agriculture qui bénéficie d'une subvention sans limite de l'Exécutif et, pourtant, «bon nombre d'agriculteurs ignorent tout». Parmi les choses qu'ils ignorent, c'est que le crédit Rfig initié en 2008 peut atteindre les 10 milliards de centimes. «Les agriculteurs doivent savoir que nous sommes prêts à les accompagner où qu'ils soient, même les éleveurs. Nous voulons aussi soutenir l'industrie agroalimentaire. Je pense que sur ce point les messages ne sont pas bien saisis. C'est vrai que là-dessus, il y a un énorme effort à faire dans la communication.» Ouyahia regrette aussi le fait que des centaines de milliers de jeunes en chômage n'aient pas été dirigées encore vers l'Ansej pour créer leur propre projet. «La majorité pense qu'ils n'auront aucune chance avec la banque. Vous sénateurs, pensez la même chose, alors qu'en réalité depuis 2008 et sur instruction du Président, la banque finance tous les projets ayant obtenu un certificat d'éligibilité par les bureaux d'études agréés. Les jeunes doivent comprendre que l'obstacle de la banque relève du passé.» Toujours à l'adresse des jeunes, il soutient que le gouvernement n'est pas responsable du blocage que connaît le projet des 100 logements par commune. «Nous avons construit 90.000 locaux; uniquement 25% ont été distribués. Pourquoi? on ne sait pas. Pourquoi ces locaux ont été construits à quelques mètres des chefs-lieux de communes? Une autre interrogation que nous soumettons aux collectivités locales.» Sachant que les débats au niveau du Sénat se déroulent en direct, Ahmed Ouyahia a tenu à apporter quelques précisions. Concernant les problèmes sectoriels, il a soutenu, en réponse à un sénateur, que les opérations de privatisation n'étaient pas «floues», car dument examinées par le gouvernement. «Je nie catégoriquement ces allégations. Les accusations sont très graves parce que touchant la crédibilité du pays», a-t-il affirmé. Jeudi encore, le Premier ministre a eu à rappeler que l'instruction obligeant la traduction en langue arabe de documents utilisés dans la justice n'est pas obligatoire à tous les dossiers. Au chapitre de l'investissement, M.Ouyahia a plaidé pour la consolidation des efforts du front national, syndicat- partis-parlement et presse afin d'agir en bloc contre les critiques qui viennent de l'extérieur, notamment celles qui s'attaquent aux nouvelles mesures. Il conclura sa plaidoirie en précisant que communiquer c'est gouverner! Un message adressé en premier lieu, à son équipe.