Que cherchent vraiment les groupes armés? Alger vient de connaître son cinquième attentat contre des policiers et ce, depuis le 26 avril dernier. Ce jour-là, un policier est tué à la cité Faïzi à Bordj El-Kiffan. Le 14 mai, deux motards sont assassinés à Dély Ibrahim. Deux jours plus tard, un policier en faction devant le ministère des Transports à la rue Didouche-Mourad est blessé par balle et le 9 juin, un agent de l'ordre est blessé devant l'Imprimerie officielle près de la place du 1er-Mai. Entre-temps, les assassinats de civils, mitraillages de bus et assauts contre des hameaux isolés ainsi que des assassinats ciblés ont émaillé le quotidien des Algérois et des habitants de la périphérie est, sud et ouest de la capitale. Tout semble s'ébranler le 21 avril dernier, lorsque deux adolescents sont assassinés à bout portant aux environs du Champ-de-manoeuvre. Personne ne se doutait alors de la très imminente recrudescence des attentats dans la capitale et ses environs immédiats. Entre les 14 et 29 juin, quatre attaques sont enregistrées à Khraïcia, Zéralda, Bou Ismaïl et les Eucalyptus faisant 36 victimes. Dans ce décompte, il ne faut surtout pas oublier le ressortissant libanais et l'Algérienne assassinés le 9 juin à El-Achour dans un bureau de prestation de service de GSM. Hier, leur forfait accompli, les assassins du policier au carrefour Franklin-Roosevelt, des jeunes, à l'allure banale, ont également réussi à prendre la fuite. Les opérations de recherches et les investigations se poursuivaient encore hier soir. A la veille de la commémoration du 40e anniversaire de l'Indépendance, Alger retombe dans la psychose du milieu des années 90. Les nombreuses et fastueuses festivités marquant cette date se dérouleront à l'ombre des pires appréhensions. Les sites du stade du 5-Juillet, de l'esplanade de Riyad El-Feth et de la Grande-Poste devront accueillir des milliers de spectateurs à cette occasion. Sans jouer les rabat-joie, le risque est là, bien réel et terriblement ostentatoire. Le 5 juillet, date symbolique pour les Algériens, comporte notamment une autre importance: celle des permutations et des changements dans les hauts postes de l'Armée. Benflis a déclaré, hier, que la commémoration du 40e anniversaire de l'Indépendance «restera gravée dans les mémoires et demeurera une source de fierté et d'orgueil». Les mesures sécuritaires «classiques» pourront-elles venir à bout de ces tueurs disséminés dans le tissu urbain? Les frappes terroristes, de plus en plus concentrées sur le centre d'Alger procèdent-elles d'une projection médiatique ou d'un souci de lancer des messages? Combien de temps faudra-t-il aux services de sécurité pour s'adapter à la nouvelle donne terroriste? Que cherchent vraiment les groupes armés? Comment expliquer les «pauses» tactiques observées par ces commandos périodiquement? Trop d'interrogations s'imposent. Mais là s'arrête le journalisme et commence le véritable travail des services compétents. Avec des commandos d'assassins aussi insaisissables qu'efficaces qui rôdent dans les rues d'Alger, les prochains jours s'annoncent durs...très durs.