Il y a plus de ciment dans les circuits illégaux que dans les cimenteries. Par la voix du président, Abdelmadjid Benouni, l'Union générale des entrepreneurs algériens affirme que les nationaux sont en mesure de réaliser le Programme de développement quinquennal engagé par le président de la République dont le montant (150 milliards de dollars) attire toutes les convoitises. «Nous sommes prêts à relever le défi à condition qu'on nous fasse confiance», a-t-il précisé hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Pour lui «toutes les entreprises étrangères font appel à la sous-traitance des entreprises algériennes». A cet effet, l'orateur dévoile quelques chiffres. Selon lui, 80% du programme du 1million de logements sont réalisés par les Algériens. La station de dessalement confiée aux étrangers est construite par les Algériens. Concernant les travaux publics, la situation ne diffère pas. «Mis à part l'autoroute Est-Ouest, nous avons réalisé tous les autres projets que ce soient les dédoublements ou encore les chemins de wilaya.» Il ajoutera que «les 30.000 entreprises activant dans le secteur sont bien équipées et capables de réaliser sans contrainte le programme de développement». Qu'en est-il des délais? M.Benouni affirme que le facteur temps n'est pas très important: «Au lieu de réaliser le projet en deux ans, nous pouvons le faire en quatre ans. Mais une chose est garantie, le dinar ne sera pas transféré à l'étranger.» Un bon argument à son avis pour donner la priorité aux entreprises algériennes. «Avec la crise mondiale, même les systèmes les plus capitalistes ont tendance à protéger leur économie. Pourquoi pas l'Algérie?» citant sur sa lancée le cas du géant américain de l'automobile Général Motors, récupéré par l'Etat. Le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens s'est longuement attardé sur la crise du ciment. «Il y a tout d'abord les chantiers qui étaient presque à l'arrêt durant la période hivernale. Ces derniers ont repris en février et mars ce qui fait que la demande a fortement augmenté.» L'autre raison a trait à l'arrêt pour maintenance de certaines cimenteries, ce qui a perturbé la production et la distribution. La troisième et principale cause est la pression exercée sur les cimenteries publiques qui pratiquent des prix relativement bas par rapport à celles du secteur privé. Ces dernières cèdent leur ciment à 230DA le sac de 50 kg contre 320 pour la cimenterie Lafarge. «Cette différence de 40% sur les prix amène les entreprises de réalisation vers le secteur public pour s'approvisionner.» L'Ugea ne croit pas à la mafia du ciment, mais pense qu'en Algérie il est plus question de spéculation qui se pratique sur les 40% de la marge bénéficiaire entre le secteur public et le secteur privé. «Au moment où le ciment manque au niveau des cimenteries nous constatons que l'offre est très abondante sur les circuits illégaux». Tout est question de régulation. Ce mécanisme justement n'a pas vu réellement le jour à l'exception de quelques opérations lancées qui n'ont pas donné des résultats concrets maintenant ainsi la tension sur le produit dans le marché. Et la régulation, propose l'Ugea, passe par l'unification des prix entre les deux secteurs (privé et public). En effet, au moment où les cimenteries privées sont libres de fixer les prix selon la demande, les prix pratiqués par les cimenteries du secteur public sont plafonnés (230DA le sac de 50kg). Cette situation pénalise ce secteur. Afin de mettre un terme aux spéculations, il propose de porter à 500 DA le prix du sac de ciment.