Dès les premiers moments qui ont suivi la réunion entre Benflis et les «désormais représentants» des ârchs, le sujet allait occuper les discussions. A la différence des fois précédentes, les commentaires ne porteront plus sur la composante humaine de la délégation de Bouira, mais sur les points inscrits à l'ordre du jour de la réunion et les perspectives du mouvement qui donne l'impression de s'essouffler. L'appel à une journée «pas comme les autres», lancé par les coordinations de Haïzer et de M'Chedallah, n'a pas drainé foule puisque, hormis des blocages sporadiques sur la RN 5 entre les communes d'El-Adjiba et Taourirt, ni la grève générale ni le sit-in devant les brigades de gendarmerie n'ont été suivis. Les raisons sont à chercher dans la lassitude qui s'est emparée de la population depuis maintenant deux mois. Les populations des régions Est de la wilaya ne comprennent pas l'entêtement des animateurs à refuser toute idée de dialogue et les accusent d'avoir laissé le champ libre à des opportunistes qui n'ont pas hésité à leur subtiliser la place. Référence est faite à la délégation «taiwan» du 14 novembre. La non-réponse à l'appel est le résultat aussi du refus des lycéens d'entrer dans la spirale des arrêts de cours dès le début de l'année scolaire eux qui, à chaque fois, paye la note. Les élèves admis en première année secondaire étiquetée «de classes ârchs» par leurs compères, avec une moyenne inférieure à 10, par exemple n'ont rejoint les bancs du lycée que depuis une quinzaine de jours. Même si les animateurs continuent à attribuer le pourrissement aux manoeuvres du pouvoir, les citoyens, eux, l'imputent surtout à l'entêtement des responsables qui, à leurs yeux, sont trop dépendants de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui dictent les démarches sans pour autant prendre en compte les spécificités de la wilaya. L'autre facteur défavorable aux positions des animateurs est le climat d'insécurité qui prédomine avec l'isolement de la gendarmerie (fait non généralisé) qui évite de trop se montrer. Cette absence a permis une recrudescence des actes terroristes dans la circonscription d'El-Esnam, où en l'espace d'un mois, l'auberge Dihia aura fait l'objet de plusieurs visites nocturnes et des citoyens auraient été rackettés. La dernière incursion s'est soldée par la mise hors d'état de nuire d'un dangereux terroriste originaire de la wilaya de M'sila qui sévissait aux côtés des membres locaux de la phalange dite «El Houda». La réunion du 6, comme nous l'avons dit précédemment, suscite des avis mitigés et partagés. «Imposer la plate forme d'El-Kseur et la discuter équivalent à gagner une bataille. La satisfaire, c'est la guerre qui sera gagnée», c'est là le point de vue d'un fervent défenseur de la cause amazighe. Beaucoup décèlent dans les propos de Benflis une réelle volonté d'aboutir à des solutions justes et durables. Ce qui accentue leur conviction est le fait que le Chef du gouvernement laisse les portes ouvertes à toute personne susceptible d'apporter un plus, sous-entendu les délégués des coordinations. Pour les opposants qui, par simple formalité, pensent que Benflis n'est pas une garantie et que tout dialogue ne doit se faire qu'avec le Président, l'éventualité d'une rencontre entre Bouteflika et les délégués des ârchs doit motiver les réticents. Un rendez-vous avec l'Histoire que personne n'a le droit de rater.