Un malaise qui ne cesse de croître au fur et à mesure que l'artiste est inclus dans les dispositifs de la «culture de distraction». Devant un parterre de journalistes, une conférence de presse a été tenue hier au complexe culturel Laâdi-Flici du Théâtre de Verdure, animée par l'artiste Dalila Ferhi, et ce, pour présenter son nouvel album, et annoncer ainsi, le concert qu'elle animera mercredi 10 du mois en cours à 20h30, à la salle Laâdi-Flici de l'établissement Arts et Culture. Dalila Ferhi est née à Alger, Très tôt, elle manifeste un penchant pour la musique. Elle prend alors des cours de solfège qui lui seront bénéfiques pour la suite de son parcours. Sa carrière artistique débute réellement après avoir réussi l'épreuve du baccalauréat, elle prend alors des cours de mandoline chez Nacer Benmérabet. Mais son amour pour la musique andalouse la pousse à s'inscrire au Conservatoire d'Alger chez Kamel Belkhoudja. En 1995, elle sort avec un Premier Prix et les félicitations des membres du jury. En parallèle du conservatoire, Dalila s'intègre à l'association El Fakhardjia en classe semi-supérieure chez Kamel Belkhoudja. Ensuite, en classe supérieure chez Arezki Harbit. En 2007, elle décide de changer d'air en intégrant l'association El Founoun El Djamila sous la direction de Abdelhadi Boukoura. Cette double licenciée en interprétariat et en sciences politiques, décide finalement d'enregistrer son premier album dans le style apparenté de la Canâa d'Alger. Et voila pour le grand bonheur des auditeurs et des mélomanes, un deuxième CD toujours dans le style apparenté, un travail très remarquable, plein de nouveautés, concocté avec une finesse artistique de haut niveau, que Dalila Ferhi remet. «L'interprète chante avec joie et bonheur, même si ce travail engendre dans ses nuances une certaines tristesse car l'idée générale du CD repose sur la séparation et le chagrin d'amour.» Du genre Zendani dans le mode Sika tiré du fin fond de nos traditions tlemcéniennes, avec comme titre Ellah ya layali, interprété majestueusement, sans oublier les très beaux M'Chamem comme El Ferka Mora ou Koulouli ouine, deux pièces très peu connues. Mais la pièce maîtresse de ce travail est Lechouaq, un nom tiré de la superbe quassida interprétée dans le deuxième programme du grand poète El Medeghri El Touhami. Sans oublier, le fabuleux Aaroubi Sidi H'lal, une poésie remarquable citant dans ses lignes les différents saints de la place d'Alger. Quelle est l'affirmation de la mission de l'artiste, et surtout que cette conférence coïncide avec la célébration de la Journée nationale de l'artiste? Par conscience et devoir l'artiste est là pour une vaste série de raisons, positives et négatives. Parmi celles-là, il peut y avoir la passion de communiquer une cause, la joie de partager et la nécessité financière, ou un profond besoin de reconnaissance publique. Quand les artistes sont capables d'articuler leur mission, la société sait qu'ils ont au moins réfléchi aux raisons pour lesquelles ils font ces choses. Quand un artiste dit: «Je veux simplement utiliser ma musique pour le plaisir», cela peut être bien, mais une définition plus complète est probablement de mise. Une expression de mission bien définie est souvent un signe de maturité personnelle, morale et spirituelle. La société n'a pas besoin des «artistes»...Au fond, l'artiste est quelqu'un qui doit créer le besoin que la société va avoir de lui et pas exploiter les oeuvres de nos aînés et appeler cela de la recherche. Cette affirmation révèle un malaise qui ne cesse de croître au fur et à mesure que l'artiste est inclus dans les dispositifs de la «culture de distraction».