Deux soeurs racontent comment leur père a été atrocement mutilé. Le procès Nezzar-Souaïdia continue à lever un coin du voile sur la crise algérienne. Pour cette troisième journée, l'assistance et les journalistes ont eu leur lot de révélations fracassantes. L'entrée en scène de victimes directes de la violence terroriste a jeté l'émoi sur les jurés, mais aussi sur le public qui n'arrive pas encore à situer les racines de la crise. Ainsi le témoignage d'un rescapé du massacre de Bentalha est venu apporter son soutien au général Nezzar et éliminer les thèses du «Qui tue qui?» colportées par Yous Nasrallah dans son livre. M.Bouaâmra déclare à ce sujet: «Yous avait fait partir sa famille deux jours avant le massacre. De plus, tout son quartier avait péri dans le massacre, sauf lui.» Ces déclarations ont jeté le doute sur la véracité du livre du militant du FFS. La salle fut complètement consternée quand deux soeurs racontent comment leur père a été atrocement mutilé et comment elles ont été violées par les terroristes. Ces victimes du terrorisme, membres de l'Anvt, ont tenu à saluer l'armée pour les avoir sauvées et ont dénoncé toute allégation contre les militaires. Un témoignage qui a visiblement déplu aux journalistes de Libération. D'ailleurs, l'entrée en la matière de José Garçon, qui a tenu à montrer son désaccord avec le pouvoir algérien, en indiquant à chaque fois qu'on franchissait le pas du tout-sécuritaire, les islamistes allaient plus loin dans la violence. Elle affirme aussi que les services algériens sont derrière les attentats de Paris avant de jeter le doute sur l'origine réelle du GIA, en indiquant que ce sont les services de sécurité qui commettent la violence. Une position qui a provoqué un tollé dans le public qui a tenu à montrer sa réprobation. Le romancier Rachid Boudjedra, qui a été cité par la partie civile, n'hésite pas à l'égratigner et à lui répondre avec autant de violence. Il a ainsi apporté son soutien au général Nezzar pour avoir toujours combattu l'intégrisme islamiste. L'intervention la plus remarquée de cette après-midi de procès reste celle de Mohamed Semraoui, qui, tout en déclarant qu'il est venu défendre l'ANP, ne comprend pas comment le général Nezzar ait pu tomber si bas pour attaquer un sous-officier, alors que le Moal et Hichem Aboud l'avaient, à plusieurs reprises, accusé de «traître». Et de raconter tout au long du témoignage comment les services ont infiltré le parti dissous et comment le GIA a glissé dans la dérive violente. Il a affirmé qu'il n'appartient pas au Moal, mais qu'il était d'accord sur la démarche initiée par des officiers algériens. Ce procès, qui prendra fin demain, a marqué l'avantage de la défense de Souaïdia conduite d'une main de maître par le duo d'avocats Comte et Bodin, alors que les avocats de Nezzar sont dirigés par l'ancien bâtonnier de Paris Me Farthouat.