Le continent amorce un virage important à Durban avec l'arrivé de l'Union Africaine. Aller de l'avant! C'est aujourd'hui le leitmotiv des responsables africains qui estiment qu'il est temps maintenant de dépasser les contingences qui ont, durant des années, bloqué le développement du continent. Ce dernier sommet de l'OUA, qui officialisera le passage à l'Union africaine, se veut aussi un bond qualitatif d'un continent toujours à la recherche de sa voie et qui ne sut pas, à maintes occasions, assumer les responsabilités qui sont les siennes. L'Afrique meurtrie par la récurrence des conflits s'est laissé piéger en ne sachant pas, quand il le fallait, prendre toutes ses responsabilités en intervenant là où il le fallait. Le consensus, selon lequel aucun Etat africain ne peut intervenir dans les affaires internes d'un autre Etat, aura été pour le continent un handicap sous prétexte de sauvegarde de l'indépendance des Etats. Aujourd'hui, on semble bien revenu de ces précautions, et autres clauses de style, si l'on relève que le protocole d'accord de l'organe suprême de l'Union africaine, la Conférence, qui se réunirait une fois tous les deux ans ou à la demande d'un Etat, indique, que celle-ci décide «de l'intervention dans tout Etat membre, à sa demande, pour rétablir la paix et la sécurité». Les deux dernières décennies marquées par les guerres civiles, ou les guerres interétatiques, ont fait évoluer les mentalités et sortir les dirigeants africains de leur splendide isolement. La nécessité pour les Africains d'être solidaires s'est imposée à eux comme un vecteur incontournable, d'autant que la mondialisation écrasera sur son passage les pays faibles, et chaque Etat africain pris séparément est un pays faible ne disposant pas des moyens de son développement. Cette vérité s'est imposée aux dirigeants africains qui ont vu l'OUA, organisation regroupant 53 Etats africains, dépassée par le dynamisme dont faisaient montre les organisations régionales comme notamment la CEDEAO qui s'est, ces dernières années, totalement impliquée dans les problèmes de l'Afrique de l'Ouest. Cette expérience réussie indique la voie à suivre par la toute nouvelle Union africaine, qui, entre autres, se doit de se défaire du conservatisme et de l'immobilisme caractéristiques de l'OUA. C'est sans doute avec ce particularisme à l'esprit que les dirigeants africains ont décidé de doter le nouveau-né de tous les attributs lui permettant de jouer pleinement son rôle dans la rénovation et la promotion d'un continent qui a besoin de structures capables de le sortir du sous-développement induit par de nombreuses années de dictature et d'absence de libertés politiques. De fait, l'Union africaine se présente presque comme une petite soeur de l'Union européenne en lui empruntant un échafaudage qui préfigure les futures organes de l'UA. Ceux-ci sont au nombre d'une quinzaine dont les plus notables sont incontestablement la Conférence, la Commission africaine, le Comité exécutif et le Conseil de paix et de sécurité, - une sorte de Conseil de sécurité de l'ONU au niveau du continent africain - en sus du Parlement, de la Cour de justice, du Conseil économique et social notamment. Le dernier sommet de l'OUA examine pour adoption, depuis hier à Durban, les projets de statuts des diverses structures devant rendre l'Union africaine (UA) opérationnelle. Outre ce dossier qui requerra l'attention des responsables africains, ces derniers auront également à se pencher sur la Nouvelle initiative africaine de développement (Nepad). Le Nepad est un défi que l'Afrique se lance à elle-même et qu'elle se doit de concrétiser pour résorber ses immenses retards aux plans du développement et des infrastructures sociales et économiques. Contenir la pauvreté, créer des postes de travail, lutter contre les maladies endémiques sont autant de paramètres que l'Afrique se doit de dépasser pour pouvoir intégrer une mondialisation qui sera impitoyable pour les faibles. Le 38e Sommet de l'OUA, qui s'est ouvert, hier, à Durban en Afrique du Sud, clôturera ses travaux demain. Le Président Bouteflika prend part aux travaux de ce sommet rappelle-t-on.