Durban consacre aujourd'hui la naissance de la nouvelle structure africaine plus à même de répondre aux besoins de l'Afrique. Un Sommet un peu particulier s'ouvre ce matin à Durban en Afrique du Sud. Trente-huitième rendez-vous des chefs d'Etat et de gouvernements africains, depuis 1963, date de création de l'OUA, ce Sommet sera aussi le dernier de l'Organisation de l'unité africaine dans sa forme actuelle. Ainsi, l'Afrique dira adieu à l'OUA, organisme, qui, certes, eut des hauts et des bas, mais répondait à ce moment de l'histoire aux critères de son développement, pour consacrer la naissance d'une structure plus en phase avec les nouveaux défis d'un continent ayant pris beaucoup de retard. C'est dans cette optique que le 38e Sommet de l'OUA est important. Important au sens où les Africains, conscients des exigences qui sont celles du monde aujourd'hui, étaient condamnés à se remettre en question, à participer pleinement à l'évolution induite par la mondialisation, au risque de rester en marge d'un développement planétaire qui n'attend plus les retardataires. Et dans cette perspective, l'OUA n'était plus adaptée au nécessaire dynamisme dont devait faire montre l'Afrique pour, à tout le moins, avoir sa part dans la construction du monde nouveau. C'est dans ce contexte que l'Union africaine (UA), issue de la déclaration de 1999 de Syrte (Libye) et officialisée par le Sommet de Lomé en 2000, doit jouer le rôle que les nombreux impondérables n'ont pas permis à l'OUA d'assumer. De fait, née à l'aube des indépendances africaines, alors que beaucoup de pays souffraient encore du joug colonial, l'OUA avait plus la mission de libérer le continent que celle de veiller à son développement et à son intégration économique. D'ailleurs, le principe fondateur de l'OUA, consistant dans la préservation de l'intégrité des frontières héritées du colonialisme, attestait déjà des préoccupations qui étaient celles des dirigeants africains. Aussi, la remise en cause de ces frontières est pour une large part responsable des conflits qui, ces dernières années, ont bloqué le fonctionnement de l'organisation. Mais le monde a changé et l'Afrique se devait d'évoluer en phase avec ces transformations qui interpellent de manière pressante un continent, laissé en chemin, à se réveiller, à s'assumer. Aussi, l'Union africaine est-elle d'ores et déjà appelée à impulser les transformations dont le continent a tant besoin. L'UA doit plus singulièrement prendre le contre-pied d'une OUA marquée par les règnes au long cours, pour ne point dire les dictatures, et stimuler ce qui a le plus fait défaut aux Etats africains, la bonne gouvernance, les droits de l'Homme, l'Etat de droit, le droit au travail, à l'éducation pour tous, en faisant en sorte que ces bonnes dispositions ne demeurent pas un slogan creux. Certes, la démocratie, les libertés d'expression et autres droits de l'Homme sont sans doute prioritairement des affaires d'ordre national, mais il est vrai aussi que l'Afrique et, partant, les Etats africains, ne peuvent ni se permettre ni s'offrir cette coquetterie de la primauté «nationale». Les problèmes globaux de développement du continent sont interdépendants et aucun Etat africain ne peut, aujourd'hui, s'offrir le luxe de faire cavalier seul. Le NEPAD, la nouvelle initiative africaine de développement, entre de plain-pied dans cette perspective unitaire avec en point de mire les problèmes spécifiques qui se posent à l'Afrique et la manière de les affronter et de les solutionner. De fait, une réunion a regroupé, hier, à Durban, le comité du Nepad au cours de laquelle, le président du comité de mise en oeuvre, le chef d'Etat du Nigeria, Olusegun Obasanjo, devait présenter à ses pairs africains un rapport sur les résultats obtenus lors du Sommet du G8 à Kananaskis (Canada). Outre donc d'informer les chefs d'Etat africains du soutien apporté au Nepad par le G8, le président Obasanjo fera état de la question de la gestion du Nepad dans le cadre le l'Union africaine. Avec la mise en orbite aujourd'hui de l'Union africaine, c'est la page de l'OUA qui sera tournée pour travailler à un avenir meilleur pour l'Afrique sous les auspices de l'UA.