Le groupe émirati a jeté l'éponge: ses projets estimés à 25 milliards de dollars ne seront pas réalisés. Le rideau est tombé sur un feuilleton qui aura tenu en haleine l'opinion publique pendant plus de deux années. L'information semble être solide et très crédible cette fois-ci. C'est une source proche du «Géant» de l'immobilier arabe qui l'a affirmé depuis Dubaï. La principale raison invoquée par les investisseurs émiratis pour justifier leur désengagement du marché algérien repose sur des difficultés financières que rencontre actuellement leur groupe. La crise financière internationale ne l'a pas épargné. Selon certains observateurs avertis du marché financier, les actions du plus important groupe immobilier arabe auraient vu fondre de plus de 10%. Une conséquence directe de la crise financière mondiale qui a tempéré les ardeurs des investisseurs qui n'ont pas caché leur inquiétude à propos de ces pertes. Le 16 novembre 2008, les principales places boursières des monarchies pétrolières du Golfe avaient commencé la semaine sur de fortes baisses, affectées par les sombres perspectives de l'économie mondiale entrée en récession, il faut le rappeler, après la crise des «subprimes», crise de l'immobilier, qui a pris corps aux Etats-Unis. Aux Emirats arabes unis, les Bourses de Dubaï et d'Abou Dhabi sont dominées par le secteur de l'immobilier. L'action du groupe Emaar s'est retrouvée, ce jour-là à son plus bas niveau depuis quatre ans et a accumulé plus de 80% de pertes depuis le début de l'année 2008. Elle a reculé de 9,75%, soit un peu moins que le seuil autorisé de 10%. Elle avait affiché 2,87 Dirhams, soit 0,78 dollars. Comme on peut le constater, les déboires des investisseurs doubayotes ne datent pas d'aujourd'hui. Pourquoi avoir alors attendu aussi longtemps pour l'annoncer et surtout avoir donné l'illusion que les «mégaprojets» envisagés en Algérie demeuraient toujours d'actualité? D'autant plus que des rumeurs persistantes circulaient sur leur abandon. Des informations donnaient le groupe émirati partant d'Algérie. Le représentant du groupe a tenu à rassurer. «Je n'ai absolument aucune information dans ce sens. Nous continuons à travailler normalement et de très près avec les autorités algériennes, notamment le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements», a tenu à préciser au mois de décembre 2007 Sofiane Abdelwahab. La seule difficulté rencontrée selon ce dernier, réside au niveau de l'accès au foncier. «C'est le problème que rencontrent tous les investisseurs. Il s'agit d'une question difficile à résoudre et le groupe est conscient de cette difficulté», avait-il ajouté. Le problème semblait avoir été pourtant surmonté puisque dès le début de l'année 2008, les projets émiratis d'un montant de 25 milliards de dollars devaient démarrer dès le mois de mars de la même année. L'annonce a été faite en marge du 3e Forum économique d'Alger, qui s'est tenu les 20 et 21 janvier 2008, par le président de la Chambre algérienne de commerce, Brahim Bendjaber. Pour rappel, ces grands projets d'investissement ont été paraphés entre le groupe Emaar et le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Les chantiers devaient s'étaler sur une période de 12 ans et consistaient en l'embellissement de la baie d'Alger, la construction d'un campus technologique au niveau de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, la réalisation d'un complexe médical dans la région de Staouéli et la construction d'un complexe touristique à Zéralda. Une première réaction a toutefois commencé à mettre la puce à l'oreille sur la faisabilité de ces projets. Interrogé dès la fin de l'année 2007 au sujet des rumeurs qui circuleraient à propos du gel éventuel des investissements émiratis, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements avait botté en touche: «Nous avons de bonnes relations avec le groupe», avait-il rétorqué. Il a cependant revu à la baisse le montant des projets du groupe Emaar en Algérie, ce qui semblait sonner comme une indication qui confirmerait les folles rumeurs en ce qui concerne le retrait du géant arabe de l'immobilier, du marché algérien. «Mais qui a parlé d'un investissement de 25 milliards de dollars? Il n'en a jamais été question», a tenu à rectifier Abdelhamid Temmar dans une déclaration à la presse en marge d'une rencontre sur la stratégie industrielle organisée au mois de décembre de l'année dernière à l'hôtel El Aurassi. Si la défection du groupe émirati se confirme, autant dire que les responsables chargés de la politique des investissements directs en Algérie, estimés à peine à 2,31 milliards de dollars, auront essuyé un cuisant revers.