22h30. Belloutta vient à peine d'entamer sa soirée ramadhanesque. Les cafés, grouillant de monde, se vident en une fraction de seconde. Dehors, les jeunes balaient des yeux l'arrivée d'une patrouille de la gendarmerie nationale. « Descente de routine ! », précise à un groupe de journalistes le commandant du groupement de la wilaya d'Alger, le colonel Taïbi. Cinq minutes plus tard, l'officier supérieur dresse le bilan : 7 armes blanches et une bombe lacrymogène saisies et autant de personnes interpellées. Cette localité de la commune de Staouéli ne fait pas exception. Idem à El Qaria, autre lotissement « précaire », situé à quelques encablures de Belloutta. Le couteau à cran d'arrêt se banalise. « C'est pour me défendre. Je ne m'en sers que lorsque je me sens en danger », supplie un jeune alors qu'il est sommé de rejoindre le fourgon militaire. Pourquoi cette tendance systématique à s'équiper d'armes blanches ? « La société est malade, à commencer par la cellule de base, la famille. Une thérapie de choc est nécessaire. Pouvoirs publics, société civile, mouvement associatif, école et, bien entendu, les services de sécurité sont condamnés à travailler ensemble, à conjuguer leurs efforts afin d'endiguer le phénomène de la violence », estime le colonel Ayoueb, directeur de l'information à la GN. Hormis le cran d'arrêt, la consommation du cannabis et des psychotropes prend également des proportions alarmantes à l'ouest d'Alger. En effet, le kif n'est plus l'apanage des seuls garçons. Des filles se « shootent » aussi. A Azur-Plage, Mlle A.T., 35 ans, est arrêtée en flagrant délit. Dans son sac, un morceau assez suffisant pour « alimenter » 3 cigarettes. « Nous devons l'emmener au poste. Mais ce qui nous intéresse, c'est celui qui l'approvisionne. Nous traquons les dealers et les grossistes », expliquent les services de sécurité. A 23 h, le bilan de la « descente » d'Alger-Ouest fait ressortir 107 interpellations, dont deux femmes. Seize armes blanches, 4 morceaux de kif, une bombe lacrymogène et des psychotropes sont saisis. Quant à la zone est (Bateau cassé, Cité Kaïdi et Hayy Ali Amrane, dans la commune de Bordj El Kiffan), il est enregistré 60 arrestations, dont 7 Africains et 2 femmes. « Nous n'allons pas les présenter tous à la justice. Ceux qui n'ont rien à se reprocher feront l'objet d'examen de situation (vérification d'identité). Ils seront relâchés », assure un gendarme. « Toujours est-il que durant la première semaine du Ramadhan, pas plus de 80 délits ont été traités par nos services. C'est vraiment insignifiant. Cela dénote que la criminalité n'est pas à son paroxysme en ce mois sacré », estime le commandant de groupement lors d'un point de presse. 1000 gendarmes sont venus renforcer les effectifs du groupement d'Alger pour le Ramadhan.