Chômage, déperdition scolaire, pertes de repères sont autant d'éléments qui contribuent à une recrudescence de la violence depuis 2001. Les chiffres communiquées par les services de la Dgsn sur son site Internet font réellement peur. Plus de 900.000 crimes, soit une moyenne de 100.000 crimes par an, sont recensés en huit ans ce qui témoigne de l'expansion de phénomènes nuisibles à la stabilité de la société. La Sûreté nationale a constaté la diversité des formes de criminalité. Il peut s'agir de blanchiment d'argent, d'assassinats, de vol, d'escroquerie ou d'agression contre les personnes et de détérioration des biens. A titre d'exemple, les statistiques de la Dgsn ont fait ressortir que lors de la seule année 2008, il a été enregistré plus de 130.000 crimes. 66.000 actes concernent l'agression contre des personnes. Viennent ensuite les atteintes aux biens avec 53.000 actions relevées. La même institution a aussi jugé utile de communiquer les chiffres sur l'émigration clandestine. 2217 cas de ce genre ont été constatés lors de la même période. La drogue continue, elle aussi, à figurer en bonne place dans les données transmises par la Dgsn car 4339 affaires liées au trafic de diverses substances ont été élucidées. Les crimes économiques, comme les détournements et l'abus de biens sociaux sont parmi les dépassements contre lesquels tentent de lutter les forces de sécurités. En quelques années, le nombre de crimes a presque doublé puisque le chiffre n'était que de 78.000 en 2001. Il a été porté à 110.000 en 2002 et a atteint 117.000, une année plus tard. En 2004, il y a eu un léger recul de la criminalité avec 112.000 cas, notent les statistiques de la Dgsn. Le répit n'a pas été de longue durée. Il a suffi de franchir l'année 2005 pour que la tendance reprenne à la hausse. 119.000 crimes ont été enregistrés cette année-là. Les statistiques connaissent une envolée plus grave en 2006 lorsqu'il y a eu 126 000 actes criminels. Avec toutes ces données, on n'est pas loin du million d'actes en huit ans sans que les efforts des autorités pourtant médiatisés, ne puissent endiguer ce phénomène. Cette culture de la violence donne lieu à l'utilisation de toutes sortes d'armes. Les couteaux et les armes à feu sont souvent utilisées dans des rixes. D'ailleurs, mêmes les policiers n'hésitent plus à dégainer pour régler des comptes avec des membres de la famille, des voisins ou mêmes des usagers de la route. Même les chiens sont utilisés dans certains quartiers, et pas seulement de la capitale, pour perpétrer des agressions. La violence physique est loin d'être la seule incivilité qui hante la société. Il n'est pas rare que les citoyens soient victimes de la violence verbale car les insultes fusent de partout que ce soit à proximité des marchés, des habitations ou dans la rue. Le tout conduit à un sentiment permanent d'insécurité chez le citoyen et un manque de confiance dans les institutions qui ne sont pas capables de lui assurer la quiétude demandée. Il est curieux de constater que même les représentants du peuple sont victimes de ce sentiment, sinon comment pourrait-on expliquer la volonté des députés de porter des armes? Chacun veut se faire sa propre justice ce qui sape un peu plus l'autorité de l'Etat qui a constitutionnellement le monopole de l'exercice de la violence. L'Etat a d'ailleurs tout misé sur la lutte contre le terrorisme sans s'apercevoir qu'une autre forme de violence et de banditisme est en train de miner la société. Il est tout de même à espérer que lors du troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika, cette carence sera comblée. Déjà 200.000 policiers sont recrutés et le directeur de la Sûreté nationale, le colonel Ali Touni, pense qu'il faut recruter davantage d'agents de l'ordre pour encadrer les quartiers des villes ainsi que les contrées reculées. Le DG a admis, il y a quelques jours, à l'occasion d'une cérémonie de sortie de promotion d'agents de l'ordre public que la violence a effectivement pris une propension alarmante en ajoutant que le terrorisme continue toujours de sévir. Justement, pour une jeunesse qui n'a connu que des récits de scènes de violence, d'éventrement, d'égorgement et de décapitation, il est difficile de se familiariser avec des attitudes pacifiques. De toutes façons, même certains hauts responsables de l'Etat n'ont pas fait montre d'un comportement irréprochable. L'ancien président, Liamine Zeroual, a reçu, en guise de cadeau, une réplique de Kalashnikov en quittant le pouvoir, scène qui n'a pas échappé aux caméras de télévision. Comme image pacifique, il y a évidemment mieux.