Pour disposer de centres commerciaux et de marinas, le pays n'a qu'à compter sur ses propres deniers. Selon un responsable du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, le groupe emirati Emaar assume toute la responsabilité de son retrait d'Algérie. Selon notre source, ses dirigeants ont tenté d'imposer des conditions dépassant tout entendement afin de concrétiser leurs projets en Algérie. Autant dire que Emaar aurait tout simplement voulu faire du chantage au gouvernement algérien. Le groupe voulait notamment obtenir des terrains d'assiette à des prix très bas, voire gratuitement. Or, cette demande n'a pu être acceptée par le gouvernement. Les Emiratis s'étonnent du fait que l'Algérie ne soit pas parvenue à parapher les documents nécessaires au lancement des opérations, probablement pour mettre en exergue qu'elle n'est pas la seule partie à avoir des défaillances dans cette aventure. Cependant, le départ définitif de ce groupe n'a suscité aucune réaction de la part de nos officiels. Comme s'il ne s'agissait pas d'un investissement de milliards de dollars et de milliers de postes d'emploi qui sont ainsi perdus. Le même mutisme a été d'ailleurs observé lorsque le fabricant d'automobile français Renault a décidé d'installer une usine de véhicules au Maroc. Il doit bien y avoir un responsable qui torpille tous ces projets en Algérie! Mais la recherche des responsabilités sur l'annulation d'un investissement de 5 milliards de dollars ne doit pas reléguer au second plan la recherche de moyens locaux pour répondre aux besoins des citoyens. Pour disposer de nouvelles villes et de centres d'affaires, l'Algérie devra compter désormais sur ses propres ressources, à moins de trouver un autre investisseur, ce qui n'est pas du tout certain en ce moment de contraction des investissements. Des sociétés algériennes avaient lancé l'idée de projets de villes touristiques et de centres commerciaux comme cela a été fait par le groupe Blanky. L'idée est aussi à inscrire au capital de Dahly qui compte réaliser selon sa conception, ce type de ville aux Pins maritimes de Mohammadia. Il est vrai qu'il y a trois ans, le pays pouvait facilement faire les yeux doux à des étrangers pour qu'ils viennent investir cinq milliards de dollars. Depuis cette date, la donne a changé et le gouvernement force au contraire les étrangers à puiser une partie de leurs investissements localement afin de limiter le transfert des devises. L'orientation vers une préférence locale pourrait compenser la perte de partenaires étrangers qui sont parfois trop exigeants. Dans d'autres cas, c'est la faiblesse de la taille du marché et l'indisponibilité d'un environnement adéquat qui sont mis en avant pour éviter d'investir en Algérie. Renault figure parmi les groupes mondiaux qui ont fait l'impasse sur l'Algérie. Dans le cas d'Emaar, une attente de trois années n'a pas suffi pour régler le différend entre les deux parties. Le soutien du Président Abdelaziz Bouteflika à l'ensemble de l'initiative du groupe émirati n'a pas été d'un grand secours à celui-ci. Cela a conduit au fait que les multiples projets prévus n'ont jamais pu démarrer et l'annonce officielle du retrait de l'Algérie n'est donc pas surprenante. En réalité, dès le début de l'année, les prémices d'une telle décision étaient perceptibles. En février, le président du groupe a décidé la suspension des projets qui ne sont pas encore entamés à travers tous les pays du monde. C'est la crise financière qui justifie cette initiative. Le groupe a voulu se concentrer sur les projets déjà lancés en Arabie Saoudite et en Egypte sans oublier ceux existant aux Emirats arabes unis. A l'annonce du projet d'Emaar, il semblait que les écueils entravant la réalisation pouvaient être dépassés. C'est le cas de la demande d'obtention d'un terrain de 400 hectares à Alger pour la construction d'un complexe touristique et immobilier. Mais les contrats n'ont jamais été signés. D'ailleurs, le problème du foncier n'est pas spécifique à ce projet. Le foncier a été le seul justificatif officiel avancé par Hammoud Benhamdine, directeur des investissements au ministère, pour expliquer le retard dans la réalisation. Il semblerait également qu'un accord entre ce ministère et le groupe émirati n'a jamais pu être trouvé à propos des modalités de participation de l'Etat aux réalisations projetées. Avec l'annulation du projet des Emiratis, c'est le réaménagement et l'extension de la gare centrale qui est mis aux oubliettes. Il n'y aura pas, non plus, de marina ni de cité de la santé à Staouéli. L'investissement immobilier devait aussi concerner une cité technologique à Sidi Abdallah et des infrastructures touristiques dans le complexe colonel Abbès près de Zéralda. La rentabilité de ces réalisation posait aussi problème car le groupe a tout simplement vu trop grand. Entre-temps, Emaar à perdu 481,337 millions de dollars au dernier trimestre 2008 suite à une réduction de ses opérations aux Etats-Unis où ses biens restés invendus sont d'une valeur de 250 millions de dollars. En 2008, les bénéfices du groupe ont été de 831 millions de dollars contre 1,79 milliard de dollars en 2007, soit une réduction de 50%.