Les cinq projets présentés par ce groupe au président de la République lui-même se veulent comme une sorte d'emblème quant à l'ambition des capitaux arabes d'investir dans notre pays. Ce n'est pas la première fois que des rumeurs circulent, sur le retrait d'investisseurs arabes du marché algérien et plus particulièrement sur celui du groupe émirati Emaar dont l'investissement évalué autour de 30 milliards de dollars est à même de booster le développement économique de l'Algérie. L'immensité de l'investissement du groupe émirati, qui va réaliser, rappelons-le, cinq “grands projets” d'aménagement d'Alger et de sa banlieue ne semble pas faire l'unanimité, dès lors que la moindre petite réserve, émise par les responsables de ce géant de l'immobilier, sur le déroulement du projet, est singulièrement interprétée comme un formidable coup d'arrêt signant l'acte de décès de la présence proche-orientale en Algérie. Reste donc à savoir qui est derrière l'orchestration récurrente d'une véritable campagne de désinformation qui s'articule manifestement autour de sombres objectifs de mise en échec d'initiatives dont les retombées positives sur notre pays ne sont plus à démontrer. Il est de notoriété que le président Abdelaziz Bouteflika demeure le principal inspirateur, et surtout l'initiateur d'une orientation de l'Algérie vers des grands investisseurs du Golfe qui a, d'ailleurs, largement porté ses fruits grâce à des amitiés solides que le chef de l'Etat a nouées lors de ses fréquents et longs séjours au pays des émirs pendant ce qui est communément appelé sa traversée du désert. Bien entendu, il serait naïf de réduire l'écho favorable des investisseurs arabes à l'appel de Bouteflika aux seules considérations amicales, car il ne faut pas oublier que les Emiratis restent de redoutables hommes d'affaires capables de faire la part des choses quand il s'agit de l'intérêt des entreprises qu'ils dirigent. Pour rappel, le groupe émirati Emaar est venu investir en Algérie, parce qu'il croit aux opportunités d'investissement dont dispose le marché algérien. En ce sens, outre la crédibilité dont il jouit désormais non seulement auprès des pays du Golfe, le président Bouteflika s'est engagé sur certaines facilitations à accorder aux investisseurs arabes, particulièrement sur le chapitre de la disponibilité du foncier. Il faudra savoir, dans cette veine, que les cinq projets présentés au président algérien Abdelaziz Bouteflika par le patron d'Emaar, Mohammed Ben Ali Al-Abbar, requièrent des assiettes de terrain très importantes au niveau de la capitale Alger. Une perspective qui n'arrange pas nécessairement les investisseurs d'autres horizons à l'exemple des Occidentaux qui font d'ailleurs du foncier un cheval de bataille dans la négociation de leur présence en Algérie. Et donc il ne sera pas exagéré de dire que le groupe Emaar est en passe d'occuper tout le terrain (sans jeu de mots) dans la capitale, ne laissant pratiquement rien aux autres. Qu'on en juge : le premier projet concerne la restructuration de la gare Agha, au centre d'Alger qui devra accueillir 80 000 voyageurs par jour avec un hôtel, un centre commercial et trois tours de bureaux de 9, 15 et 18 étages. La Baie d'Alger, considérée comme une des plus belles du monde, aura des marinas, des canaux, plus de 4 kilomètres de front de mer, des hôtels luxueux, des bureaux et des appartements de haut standing. Une “cité de la santé” sera érigée. Un hôpital et des centres médicaux y dispenseront des soins de “grande qualité”. Il sera entouré d'un centre de recherches, d'hôtels, d'une station thermale et d'une école de médecine. Une “cité technologique” est prévue dans la nouvelle ville de Sidi-Abdallah, à 25 km au sud-ouest d'Alger, avec un campus universitaire, des milliers d'appartements, des centres commerciaux et un terrain de Golf. Enfin, un complexe touristique baptisé Colonel-Abbès sera construit sur la plage du même nom, à 25 kilomètres à l'ouest d'Alger, près de la ville de Zéralda. Il sera composé de résidences près de la plage, de centres commerciaux et d'un hôtel de 500 chambres. N'est-ce pas qu'il y a ici bel et bien lieu de parler de milliers d'hectares qui vont échapper à certaines convoitises d'ici et d'ailleurs ? D'autant mieux que cette question du foncier aura constitué la trame dans laquelle a été élaborée la rumeur ces derniers jours autour du gel des projets de Emaar. En effet, c'est le suprême prétexte qui a été mis en avant par ceux qui crient à l'échec de l'investissement émirati. Et il n'est pas exclu que ceux qui sont derrière la campagne de désinformation sont ceux-là mêmes qui sont derrière les blocages bureaucratiques liés au foncier dont se plaignent les responsables de Emaar. Sur ce point précis, le président de ce groupe émirati, M. Mohammed Ben Ali Al-Abbar a été on ne peut plus clair. Si celui-ci trouve déplorable la lenteur des parties responsables de l'investissement en Algérie, il n'en exprime pas moins la volonté de rester et continuer d'investir, peu importe les difficultés. “Nous n'avons rien à cacher, nos projets sont officiellement annoncés, nous avons obtenu les autorisations pour les réaliser, nous travaillons sérieusement pour atteindre les objectifs que nous avons tracés pour un marché algérien prometteur”, répondra un responsable émirati aux rumeurs. Le ministre algérien de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, émettra sur la même longueur d'ondes en affirmant que les projets initiés par Emaar sont en bonne voie et que les relations avec ce groupe sont toujours bonnes. En tout état de cause traduire dans des proportions démesurées, des retards, s'il y a retard bien sûr dans la réalisation des investissements arabes, en gel ou carrément en un retrait, relève manifestement d'une démarche sournoise d'opposition à la concrétisation des promesses de Abdelaziz Bouteflika et dont les auteurs ne sont autres que les responsables des lenteurs bureaucratiques que connaissent les cinq projets d'Emaar sur le terrain. Zahir Benmostefa