Les besoins en nouvelles découvertes en gaz pressent pour répondre aux impératifs de consommation des clients. Pour augmenter ses exportations de gaz de 23 milliards de m3 dans les cinq prochaines années, l'Algérie devra consentir un gros effort en matière d'exploration. Or, les capacités de Sonatrach sont loin de répondre à de tels impératifs. C'est pour cette raison que le recours aux compagnies internationales a été un choix adopté par le ministère de l'Energie et de Mines. Pourtant, il n'est pas du tout sûr que des découvertes suffisantes seront opérées afin que l'Algérie puisse honorer ses contrats avec des pays étrangers, notamment européens. Actuellement, le volume exporté atteint déjà 62 milliards de m3 et il devra être porté à 85 milliards en 2014. Il ne s'agit pas seulement d'une question de volume car les enjeux financiers sont tout aussi importants. Les quantités additives devraient générer des revenus supplémentaires de 5 milliards de dollars. Pour ne pas rater ce rendez-vous, le pays a déjà mis en oeuvre des actions pour augmenter la capacités des gazoducs acheminant les exportations aux pays européens. Ce choix est devenu inévitable car la concurrence s'annonce de plus en plus rude. L'entrée des Libyens sur le marché italien est l'une des donnes qui vont influer sur la position de l'Algérie vis-à-vis de ses clients. Il leur est donc impératif de tenter plusieurs actions pour conserver ses clients. L'une des voies royales pour ce faire est celle de disposer de quantités suffisantes. Actuellement, des retards sont constatés dans la production de certains gisements comme Gassi Touil. Pour compenser ces pertes, c'est le gisement de Hassi R'mel qui prend le relais. Mais ses capacités ne sont pas extensibles et l'épuisement le guette. Dans l'industrie du gaz, une partie des quantités extraites sont réinjectées dans le puits pour améliorer sa production. il n'y pas d'autres techniques d'amélioration de la récupération comme dans les puits de pétrole. A ces problèmes, s'ajoute la donne relative à la consommation interne qui a été multipliée par quatre en 40 ans. Toutes les quantités extraites ne sont pas automatiquement destinées à l'exportation. On occupe déjà la 4e position des pays producteurs de gaz dans le monde, mais nul ne sait jusqu'à quand ce rang va être maintenu. Afin de ne pas enregistrer un recul trop flagrant, le ministère de l'Energie a même été contraint de négocier avec des sociétés étrangères pour leur offrir les meilleures conditions d'exploration. L'argument selon lequel la baisse du prix des hydrocarbures lors de l'année dernière a été derrière l'échec relatif de l'appel d'offres d'Alnaft ne reflète donc qu'une vérité partielle. Les contraintes imposées aux sociétés par le cahier des charges n'ont pu être acceptées par les compagnies. Il leur était même demandé de chercher des partenaires pour agir dans le cadre de consortiums, ce qui n'a pas toujours été interprété comme une démarche normale. Un deuxième appel d'offres vient d'être lancé avec l'espoir que les travaux d'exploration puissent être lancés l'année prochaine. Devant les incertitudes concernant les capacités au niveau local, Sonatrach dirige même ses activités vers d'autres pays pour tenter d'enrichir ses réserves et les exploiter afin de répondre à la demande de ses clients. En effet, la question de la sécurité d'approvisionnement de certains pays notamment en Europe revêt une importance capitale: les événements en Ukraine rappellent la fragilité des circuits de transport. Outre la menace de rupture physique, il y a aussi la notion, de plus en plus présente, de dépendance accrue envers une source ou une voie particulière, qui provoque un cauchemar pour les consommateurs. Les Européens ne veulent pas être sous l'influence d'un cartel de fournisseurs, encore moins d'un fournisseur qui monopolise le marché. Cette recherche de la sécurité n'est pas propre à l'Europe, elle est appliquée dans d'autres pays comme les Etats-Unis d'Amérique et la Chine qui ne cessent d'accentuer leurs efforts d'exploration en Afrique. Deux gazoducs relient déjà l'Algérie à l'Espagne via le Maroc et à l'Italie via la Tunisie. Deux autres ouvrages reliant directement le pays à ces deux partenaires se sont ajoutés: Medgaz et Galsi d'une capacité combinée de 16 milliards de m3 par an. En tout cas, les perspectives portant sur des simulations de revenus d'exportation d'hydrocarbures sur le très long terme montrent que l'Algérie dispose suffisamment de pétrole et de gaz pour réaliser des recettes de 55 milliards de dollars par an jusqu'en 2040. La condition utile est que les prix soient élevés.