La «seconde» campagne présidentielle qui achevait hier sa première semaine a mué en une série d'invectives entre les candidats. La campagne électorale de la présidentielle du 18 juillet en Mauritanie, qui a achèvé hier sa première semaine, a rapidement tourné aux invectives et accusations mutuelles entre l'ex-chef de la junte et ses principaux concurrents de l'opposition. Ce scrutin relativement ouvert est censé mettre un terme à la crise née du coup d'Etat militaire ayant renversé le 6 août 2008 le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. «Soyez vigilants, il n'y a que deux pôles: celui du changement représenté par la "rectification du 6 août" (putsch) et celui des malfaiteurs», a ainsi lancé l'ex-chef de la junte, qui a démissionné de ses fonctions pour se porter candidat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz au début de sa campagne. Il a par la suite été plus précis en accusant deux de ses opposants Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir, qui avaient vigoureusement combattu le putsch du 6 août, «de baigner dans la gabegie». Il s'est même fait menaçant: «Je possède des dossiers accablants que je vais publier, prouvant l'implication d'Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir dans la gabegie». Directement accusés, les deux opposants n'ont pas tardé à répliquer, affirmant «qu'il ne peut que s'agir de dossiers fabriqués, sans la moindre preuve». Ould Daddah a pour sa part réclamé «une Mauritanie plus morale», estimant que ce «genre d'homme (l'ex-chef de la junte) ne saurait prétendre à gouverner le pays». De son côté, Ould Boulkheir a affirmé que «Ould Abdel Aziz représente une illustration vivante de la concussion» et qu'il «fait ces tapages pour faire oublier l'origine de la formidable richesse mal acquise dont il dispose». L'ex-président de la transition (2005-2007) arrivé au pouvoir par un putsch, Ely Ould Mohamed Vall, a également fait entendre sa voix et affirmé que le «choix pour les Mauritaniens se situera entre la dictature et la démocratie». De nombreux observateurs estiment probable un second tour, prévu le 1er août, même si les directeurs de campagne de Aziz et Daddah continuent d'affirmer chacun pouvoir gagner dès le premier tour. De plus, deux candidats continuent de réclamer le remboursement de leurs frais de campagne engagés pour la présidentielle initialement prévue le 6 juin avant d'être reportée, menaçant dans le cas contraire de quitter la course à la présidence. Il s'agit de Hamidou Baba Kane, vice-président de l'Assemblée nationale, et Ibrahima Moctar Sarr, leader de l'Alliance pour la justice et la démocratie (AJD), qui avait obtenu près de 8%, au premier tour de la présidentielle de 2007. L'ancien Premier ministre mauritanien et candidat à la présidentielle mauritanienne du 18 juillet, Sghaïer Ould MBareck, a pour sa part annoncé lundi à la presse le retrait de sa candidature pour soutenir l'ex-chef de la junte. Il a expliqué son retrait par «la faiblesse» de ses moyens qui ne lui permettent pas de «mener deux campagnes (électorales) successives», après une première campagne pour la date du 6 juin. Après son retrait, neuf candidats restent donc en lice.