Les changements climatiques se produisent plus rapidement que prévu et commencent à avoir des effets négatifs sur la santé, ont-ils indiqué. Une climatologue de la National Wildlife Federation (association de protection de la nature), Amanda Staudt, et le directeur adjoint du Centre de la santé et de l'environnement mondial relevant de la faculté de médecine de l'université Harvard, le docteur Paul Epstein, qui est également un spécialiste des maladies tropicales, ont donné une conférence au Centre international Woodrow Wilson sur la santé et les changements climatiques. Selon Mme Staudt, un nombre croissant de données scientifiques montrent que les changements climatiques sont plus rapides que ce que l'on avait pensé il y a quelques années et qu'ils ont déjà une incidence sur la vie des populations à travers le monde. On se rend de plus en plus compte, a-t-elle dit, que ces changements seront irréversibles et que l'on subit déjà leurs effets, sous la forme notamment de l'accroissement de la gravité des sécheresses, des précipitations, des inondations, des cyclones et des feux de forêt. Lorsque ces changements climatiques ont lieu, a dit le docteur Epstein, les risques pour la santé s'aggravent, notamment en ce qui concerne les maladies infectieuses. Dans les montagnes de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine où on observe un recul des glaciers, de nouvelles plantes et les moustiques font leur apparition à une altitude bien plus élevée qu'autrefois. Ces moustiques transmettent des maladies jusqu'alors inexistantes dans ces régions, dont le paludisme et la fièvre jaune. Le 16 juin, le gouvernement des Etats-Unis a rendu public un nouveau rapport sur les effets des changements climatiques aux Etats-Unis, selon lequel le réchauffement climatique contribue aussi à accroître l'ozone de la basse atmosphère. Ce gaz a des effets nocifs sur le fonctionnement des poumons et peut endommager de façon permanente les cellules de leur revêtement alvéolaire. D'après ce rapport, le nombre de grandes vagues de chaleur va augmenter, ce qui entraînera un accroissement des décès et des maladies dus à la chaleur. En outre, l'augmentation des précipitations et des inondations entraînera l'apparition de maladies d'origine hydrique. Le monde, a souligné le docteur Epstein, doit concentrer son attention sur les solutions à adopter qui sont bonnes pour la santé. Ces solutions vont de l'adoption de sources d'énergie renouvelables, telles que l'énergie éolienne et l'énergie géothermique, à une meilleure gestion des forêts. Certaines de ces solutions peuvent être appliquées immédiatement. D'autres, telles que le recours aux biocarburants et aux énergies à base de combustibles fossiles, exigent des études plus approfondies afin de pouvoir évaluer leurs effets sur la santé, l'écologie et l'économie. De son côté, Mme Staudt a indiqué que les changements irréversibles avaient obligé les écologistes à repenser leur stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Les partisans de la protection de la nature se débattent à l'heure actuelle avec la question de savoir comment le réchauffement climatique va modifier leur mission. «Pendant de nombreuses années, peut-être pendant toute l'histoire du mouvement de protection de la nature, il s'agissait surtout de revenir à l'état originel. Ce n'est plus la réalité à l'heure actuelle. Nous avons affaire à des conditions climatiques tout à fait nouvelles. Il nous faut maintenant penser à la manière dont nous pouvons changer tout ce que nous faisons pour nous adapter à un climat en évolution.» Si la situation est critique, a-t-elle dit, le monde a la possibilité d'aller de l'avant. «On observe une prise de conscience accrue de la nécessité d'agir vite et de réduire la pollution causant le réchauffement climatique. En même temps, nous avons l'occasion de rééquiper les Etats-Unis, de favoriser une économie fondée sur des énergies propres et de protéger également la faune et la flore sauvages pour l'avenir de nos enfants (...) Je pense qu'il est très important que nous agissions de manière à pouvoir offrir à nos enfants un monde meilleur.»