Le poète fait son apparition sur la scène et le public se lève comme un seul homme, suivi d'un tonnerre de youyous et d'applaudissements. Après son passage dans la ville Tizi Ouzou, Aït Menguellet, le virtuose, interprète et compositeur de la chanson kabyle a encore une fois envoûté ses fans à l'auditorium Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale, vendredi dernier, dans le cadre de sa tournée programmée dans le cadre de la 2e édition du Festival culturel africain. Cette fois- ci, les mélomanes ont renoué avec les airs nostalgiques et envoûtants du troubadour - qui croit en la vérité - déclamée à travers ses tubes immortels. Cet artiste phénoménal fait partie de ceux qui ne cessent de débusquer la vérité là où elle est la plus ressentie. Dans une salle qui s'est avérée exiguë, car de nombreuses familles sont venues assister à ce gala tant attendu, le poète a enflammé la scène. La salle était déjà archicomble. A l'extérieur, plusieurs familles et un nombre émouvant de jeunes se bousculaient pour arracher une entrée à la salle. Malheureusement pour eux, elle était déjà pleine comme un oeuf. Et l'inconvénient c'est que l'entrée est conditionnée par la carte d'invitation et non par l'achat de billets. L'entrée n'est pas libre comme le prétendent certain organisateurs à l'occasion de ce Festival panafricain. Pour ces mélomanes, il s'agit là d'un véritable événement à ne pas rater. Hélas pour eux pour une énième fois! Aux environ de 21h30, le poète fait son apparition sur la scène et le public se lève comme un seul homme, suivi d'un tonnerre de youyous et d'applaudissements. Lounis, évidemment ému et saluant timidement son public, passe ainsi directement à la première chanson Aswaligh Adhrar Ichud (Je vois la montagne muselée), avec laquelle il entame cette soirée artistique, passant à d'autres des années d'or. Et selon les mélomanes qui le suivent partout, ce surdoué jongle avec les mots et tend ses vers comme un funambule en équilibre sur sa corde. Il n'est jamais plus sérieux qu'au moment où il paraît plaisanter et sa gravité est toujours sur le point de devenir plaisante. Avec son fidèle orchestre, composé de son fils Djaffer, Chabane Ben Amer et Saïd Ghazi, le poète a su donner de la chaleur, déhancher plus d'un dans son corps ou dans son âme. Répondant au rythme cadencé de la derbouka et de la flûte «enchantée», il servira à son fidèle public quelques morceaux choisis de son large répertoire, dont plusieurs de ses chansons fétiches de différentes époques que les présents reprenaient en choeur et en applaudissant chacun des refrains tels que Anydha Digh (où suis-je?), Savr a Uliw (Patiente mon coeur), Naguma Nachfou (On ne peut plus se rappeler)...Quant à lui, pour répliquer, il n'a pas manqué de charmer son public en l'emportant comme par enchantement dans un envol où les airs joués rappellent étrangement la quiétude et l'humilité de l'Algérie orgueilleuse. Durant une heure et demie, le sage a subjugué ses fans tout au long de cette soirée qui s'apparente bien à un voyage qui fait sienne la nostalgie...