Photo : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Il y avait du monde, samedi soir, à la maison de la culture de Béjaïa. Familles, adultes, jeunes, moins jeunes, filles et garçons, le public était là dans toute sa dimension. La salle de spectacle de cet établissement s'est même révélée exiguë pour recevoir tout le beau monde qui s'est déplacé à l'ouverture du premier Festival de la musique et de la chanson kabyles. L'affiche était en effet alléchante : Akli Yahyaten, un monstre sacré de ce style populaire, compte des milliers de fans dans la région. Mais l'entrée gratuite, offerte par les organisateurs, avait aussi produit tout son effet dans cette affluence record. Le coup d'envoi de cette première édition a été donné en début d'après-midi par l'inauguration d'une grande exposition dédiée aux grandes figures de la chanson kabyle. Après le discours de bienvenue du commissaire du festival, Ahmed Aïci, et les allocutions des parrains artistiques et scientifiques de la manifestation, dont El Hachemi Assad (cinéaste et commissaire du Festival du film amazigh), Kamel Hammadi (auteur, compositeur et interprète), Benmohamed (chansonnier et grand animateur radio) et Farida Aït Ferroukh (anthropologue), Djamel Allam donne le la en interprétant Ayemma aazizene ouretsrou, un hymne de Farid Ali auquel cette manifestation a été dédiée. Lui succédant sur scène, le groupe amateur Eclipse met du rythme et crée de l'animation parmi l'assistance un peu engourdie. Avec une parfaite maîtrise de l'interprétation, la bande de Barbacha a réussi le pari de semer la gaieté et d'inciter les présents à faire la fête. La troupe Assirem de Boumerdès prend ensuite le relais en poursuivant dans le même registre. C'est aux alentours de 21h qu'Akli Yahyaten, accompagné par son propre orchestre, monte sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. Yal Menfi, Tamurtiw, Zrigh zin di Micheli, Ya lmoujarreb, Inas imlayoun, Ydja Yemas, Aminigh awal, l'enfant terrible d'Aït Mendas (Boghni) a su puiser dans son riche répertoire pour envoûter un auditoire en transe. On danse, on s'amuse et on réclame à chaque fois d'autres tubes qui ont fait valser des générations depuis les années 1960 et 1970. Les vieilles chansons ont finalement toujours la cote pourvu qu'on sache bien les interpréter. Notons, pour finir, la bonne qualité de l'organisation. Pour la deuxième soirée, les participants des wilayas de Bouira et de Bordj Bou Arréridj ouvriront les «réjouissances» avant le passage tant attendu des vedettes Mohamed Raïs et Yasmina. Les travaux du colloque intitulé «Regards croisés sur la chanson kabyle» ont été entamés hier et se poursuivront aujourd'hui. Pour cette première journée, cinq conférences thématiques étaient au menu : «Les chants berbères de Kabylie dans la vie et l'œuvre de Taos Amrouche» (Denise Brahimi), «Les chants de femmes : tradition culturelle et innovation» (Camille Lacoste Dujardin), «L'apport du chant traditionnel à la chanson kabyle» (Arezki Graïne), «Les conditions de la performance dans le chant et le patrimoine poétique kabyles» (Mohamed Djellaoui) et «Les signalisations mystiques dans la poésie de Slimane Azem» (Youcef Nacib). En somme, on a assisté à une bonne entame de ce festival qui prépare de joyeuses retrouvailles avec Djamel Allam, Aït Menguellet, Tagrawla et tant d'autres encore.