Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a appelé samedi la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à recentrer leur attention sur l'agriculture afin d'accroître l'offre pour juguler l'inflation des produits alimentaires.“A moyen et long terme, les pays développés peuvent se servir du pouvoir qu'ils ont dans des organisations comme la Banque mondiale, le FMI (Fonds monétaire international), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) afin de faire en sorte que ces importants bailleurs de fonds redirigent une partie de l'aide qu'ils allouent aux pays en développement à l'amélioration de l'offre agricole”, a déclaré M. Lamy, interrogé sur la radio BBC 4. “En matière d'aide au développement, l'attention n'a pas porté sur l'agriculture dans la dernière décennie. L'agriculture doit devenir le centre d'attention pour la période à venir”, a-t-il estimé. “La seule solution à long terme est d'adapter l'offre” agricole, a-t-il ajouté. A court terme en revanche, M. Lamy a appelé les pays développés à aider le Programme alimentaire mondial (PAM, agence onusienne) à “obtenir les fonds nécessaires” pour satisfaire les besoins d'urgence. “Je ne veux pas dire que l'aide alimentaire est la panacée mais nous devons satisfaire les besoins les plus urgents”, a-t-il expliqué. Le PAM a annoncé vendredi une nouvelle révision à la hausse de son appel d'urgence aux pays donateurs, réclamant 756 millions de dollars (476 millions d'euros) supplémentaires pour faire face à la pénurie de produits alimentaires et la hausse du prix des denrées. Le PAM a évalué à 55% l'augmentation du prix des produits alimentaires depuis juin 2007. Vendredi, le président Nicolas Sarkozy a annoncé un doublement de l'aide française pour faire face à la crise alimentaire. La France entend ainsi porter à 60 M d'euros (près de 100 M de dollars) “dès cette année” son enveloppe d'aide alimentaire, a indiqué le chef de l'Etat français, pour qui il est “urgent” de renforcer la sécurité alimentaire alors que 37 pays connaissent une crise alimentaire très grave. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a quant à elle appelé vendredi les gouvernements latino-américains à faire preuve de volonté politique pour permettre aux populations de manger à leur faim dans cette région grande exportatrice de produits agricoles mais qui compte plus de 50 millions de mal-nourris.