«Il faut modifier les textes qui gèrent l'université sur le plan administratif et pédagogique», propose M.Belksar. La relation entre la formation universitaire et l'emploi a été, hier, au centre des débats au forum d'El Moudjahid. «Il y a un écart pour ne pas dire un fossé entre l'offre et la demande», a d'emblée estimé le directeur de l'Ecole supérieure de gestion (ESG), Mohamed Chérif Belksar. Il considère que le cursus universitaire offert par l'enseignement supérieur dans sa majorité ne correspond pas à la demande économique. L'intervenant relève dans ce sens le problème de la raréfaction des compétences. «Les compétences sont rares. Les entreprises trouvent des difficultés à recruter nos jeunes», a-t-il souligné. M.Belksar critique la politique de gestion du secteur de l'Enseignement supérieur. «C'est un secteur géré avec une logique administrative», considère-t-il. Dans la prise de décision concernant l'organisation pédagogique, explique-t-il, on n'associe jamais les premiers acteurs, à savoir, les chefs d'entreprise, les syndicats, les organisations patronales et estudiantines et les associations de parents d'élèves. Il suggère ainsi de prendre en considération ce point afin de sortir avec un travail technique d'experts qui constituera la base ou l'élément d'aide à la décision. M.Belksar soulève aussi le manque de qualification. Et dans l'urgence, s'insurge-t-il, on recherche les compétences étrangères alors qu'il y a moins de 40 ans, l'Algérie en était exportatrice. Il évoque paradoxalement le phénomène de la fuite des cerveaux qui s'accentue de plus en plus. «Nous faisons appel à l'expertise étrangère qui nous coûte dix fois plus cher», se désole l'invité. Chiffres d'El Moudjahid à l'appui, il rappelle qu'au 31 décembre 2007, 50.000 Algériens sont partis s'installer au Canada dont 80% d'entre eux ont un niveau de compétence appréciable. Aussi, sur 13.000 médecins exerçant en France, 7000 sont des Algériens, soit 45%. La fuite des compétences constitue aujourd'hui un véritable problème à l'économie nationale. Plus de 80.000 Algériens diplômés ont quitté le pays depuis 1979. La majorité d'entre eux sont médecins, informaticiens et chercheurs dans divers domaines. Aussi, plus de 90% des informaticiens quittent le pays chaque année. Ils sont, en fait, 3000 experts en informatique à avoir quitté le pays entre 1992 et 1996, au moment où le nombre d'hommes d'affaires algériens établis en Europe s'élève à 99.000. Et quand on sait que l'exode a commencé au début des années 1992, on devine aisément les investissements perdus au profit des pays d'accueil, notamment les Etats-Unis, le Canada, la France et le Royaume-Uni. «Il faut modifier les textes qui gèrent l'université sur le plan administratif et pédagogique pour instaurer l'équilibre entre l'offre et la demande», propose-t-il. Aujourd'hui, il s'agit d'étudier et de définir préalablement les besoins en expertise des secteurs d'activité afin de mieux identifier la demande et cibler le profil de compétence recherché, ajoute-t-il. Aux chefs d'entreprise, le conférencier recommande l'intégration des contrats de performance dans leur système de gestion.