«Nous pensons que le financement des actes terroristes se fait, en grande partie, à travers l'argent collecté», souligne Messahel. Les pays occidentaux auraient versé une somme de 10 millions d'euros de rançons pour la libération de leurs otages détenus par les groupes terroristes d'Al Qaîda. La dernière rançon en date aurait été versée pour la libération du ressortissant suisse, Werner Greiner, enlevé par Al Qaîda au Maghreb le 22 janvier au Niger et libéré dimanche dernier dans le nord désertique du Mali. Les ravisseurs, qui auraient demandé une forte rançon, trois à cinq millions d'euros, selon une source sécuritaire citée par le quotidien El-Khabar, font partie du groupe d'Abou Zeïd, émir-adjoint de la zone sud dirigée par Mokhtar Benmokhtar, avant sa dissidence et sa récupération par Droukdel. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a condamné, lundi dernier, le payement des rançons pour acte de piraterie ou de prise d'otage, lors du 15e Sommet des pays du Mouvement des non-alignés. «Nous pensons que le financement des actes terroristes se fait, en grande partie, à travers l'argent collecté à partir de ces opérations», a-t-il expliqué. Il rappelle la position de l'Algérie qui a appelé les Nations unies et le Conseil de sécurité à examiner cette question et faire adopter une résolution interdisant le paiement des rançons. M.Messahel a indiqué que la demande de rançon prend des «proportions alarmantes» et tend à devenir un «moyen de financement alternatif» pour les groupes terroristes. Il importe, en conséquence, a-t-il dit, de la «combattre fermement en mobilisant les moyens nécessaires y compris en complétant les instruments internationaux existants et en mettant en oeuvre un mécanisme de coopération entre les Etats». Il est clair que les terroristes renforcent leurs capacités financières, notamment par des rançons versées par les pays dont sont issus les otages. Une rançon de trois à cinq millions d'euros a été versée pour la libération de l'otage suisse, selon une source sécuritaire citée par le quotidien El Khabar. Une information démentie par un diplomate suisse, Markus Boerlin, cité par l'agence de presse helvétique ATS, qui a assuré que «la Suisse n'a pas négocié avec les ravisseurs ni versé de rançon». Le président malien Amadou Toumani Touré avait également démenti toute implication dans l'éventuel versement de rançon pour la libération par Al Qaîda du Suisse Werner Greiner. «Le Mali a ses habitudes, nous ne rentrons pas dans un certain type de transactions», avait déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie au Palais présidentiel de Bamako en compagnie de l'otage libéré. Couper aux terroristes l'accès au financement de leurs activités est l'un des principaux fronts auxquels l'Algérie s'est attelée dans sa lutte contre ce phénomène. M.Messahel précise ainsi que «des actions seront menées par les Etats membres de l'Union africaine en direction du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies pour la prise de décisions contraignantes et une révision des conventions déjà existantes, notamment celles relatives au financement du terrorisme et de la prise d'otage». «Nous espérons, a-t-il ajouté, trouver auprès de tous les Etats membres du Mouvement des non-alignés le soutien attendu pour accompagner l'initiative africaine». Il est utile de rappeler l'affaire des 32 otages européens, dont la majorité est de nationalité allemande, kidnappés en 2004 par Abderezzak Al Para, dans le Sahara algérien, et qui n'avait été libérés qu'après le versement d'une rançon de 5 millions d'euros par le gouvernement allemand. Il convient de rappeler aussi que Al Qaîda avait lancé le 24 avril dernier un ultimatum aux Britanniques. Les ravisseurs ont exigé la libération du Jordanien, Abou Koutada, de son vrai nom Omar Othman, considéré par la justice espagnole comme le bras droit d'Oussama Ben Laden en Europe, détenu en Grande-Bretagne. Mais, selon des sources sécuritaires, Abou Zeïd réclamerait une rançon importante. Une rançon de 8 millions d'euros.