Le Premier ministre pourra compter sur un soutien sans faille des élus du Rassemblement national démocratique. La lutte contre le chômage est au coeur même du plan de relance économique initié par le président Abdelaziz Bouteflika. Elle constituera un des défis-phares à relever pour le gouvernement de Ahmed Ouyahia. Du côté du parti dont il porte aussi la casquette de secrétaire général, on n'a pas l'intention ni l'envie de se perdre en conjectures, encore moins de perdre du temps. Le marché de l'emploi, le système éducatif et ses effets sur le développement, la formation professionnelle et sa contribution à l'insertion des jeunes dans la vie active et l'avenir de l'entreprise constituent autant de thèmes qui ont été passés en revue à l'occasion d'une conférence régionale qui s'est tenue du 17 au 19 juillet à Oran. Cette rencontre organisée par le Rassemblement national démocratique a vu la participation de nombreux délégués, membres et élus du parti. Dans son allocution d'ouverture le porte-parole de la formation politique de Ahmed Ouyahia a d'emblée planté le décor de «Les efforts considérables déployés ces dix dernières années pour juguler le phénomène du chômage démontrent l'intérêt que porte l'Etat à la jeunesse et à son insertion dans le marché du travail, notamment à travers le programme du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika.» Miloud Chorfi ne s'est pas contenté uniquement de souligner l'énorme intérêt que porte à ce vecteur essentiel qui garantit les équilibres de la société, le premier magistrat du pays. Il a aussi fourni des chiffres. Une sorte de bilan des deux premiers quinquennats de Abdelaziz Bouteflika en matière de politique de l'emploi. «La part consacrée à l'encouragement de la création de l'emploi de jeunes et la lutte contre le chômage, à travers les différents dispositifs, a permis de réduire sensiblement le taux de chômage qui est passé de 29% en 1999 à 11,8% en 2007, avec à la clé, une création de 3,3 millions d'emplois entre permanents et vacataires», a tenu à rappeler le porte-parole du Rassemblement national démocratique. Les objectifs tracés par le Plan de relance économique initié par le président de la République et assignés au gouvernement, consistent en la création de 3 millions de postes d'emploi d'ici à l'horizon 2014 et la résorption annuelle de pas moins de 400.000 chômeurs grâce aux mesures qui seront prises et appliquées dans le cadre de cette nouvelle stratégie de l'emploi. Des mesures qui pourraient cependant être fortement contrariées par les effets pervers de la crise économique mondiale. L'Algérie semble toutefois y être moins exposée que de nombreux autres pays industrialisés qui la subissent de plein fouet du fait, notamment de son système bancaire totalement déconnecté du système financier international. Longtemps crue à l'abri de la crise financière internationale, l'économie nationale, et à cause de son étroite dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures qui constituent l'essentiel de ses recettes en devises, en subit désormais un sérieux manque à gagner depuis que les cours de l'or noir se sont effondrés. Dans un tel contexte de forte récession mondiale où des entreprises de renommée internationale (ArcelorMittal, Général Motors...) annoncent, coup sur coup, des plans de restructuration afin d'éviter le dépôt de bilan, les nouvelles concernant l'économie algérienne sont plutôt moroses et peu enclines à la mise en place d'une stratégie de plein emploi. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international estiment que le taux de croissance économique en Algérie n'atteindra que 2,1% dans le meilleur des cas en 2009, tandis que l'Office national des statistiques (ONS), avait annoncé que l'inflation pour le premier trimestre de l'année en cours s'était élevée à 6,1%. Des performances macroéconomiques que les experts internationaux estiment insuffisantes et peu favorables à la stratégie de création de postes d'emploi de l'envergure de celle souhaitée par le gouvernement algérien. «Pour créer trois millions d'emplois entre 2009 et 2014, il faut un taux de croissance de 6 à 7% au minimum par an», a souligné pour sa part Abderrahmane Mebtoul. Par ailleurs, il faudrait ajouter que les nouvelles dispositions concernant les investissements étrangers en Algérie ont soulevé plus de questionnements que d'enthousiasme de la part des entreprises qui comptaient s'installer à travers le territoire national. Les IDE se sont élevés à quelque 2,31 milliards de dollars en 2008 alors que le groupe émirati Emaar, qui devait investir 25 milliards de dollars, selon les rumeurs véhiculées pendant des mois, a préféré tout simplement jeter l'éponge. Une perspective de voir naître des milliers de postes d'emploi qui part en fumée. Des indicateurs qui font penser que la baisse du taux de chômage en Algérie ne sera pas une mince affaire. «Ce n'est pas un chômage quelconque. Il peut avoir des conséquences incontrôlables», a prévenu l'économiste et expert international, Mohamed Bahloul, qui a pris part à la rencontre d'Oran.