Le rapport met la lumière sur des connexions mafieuses, terroristes et politiques très importantes. Selon des informations qui ont circulé ces derniers jours, la Commission d'enquête parlementaire, présidée par le député indépendant, Ahmed Bayoudh, s'est longuement attardée sur des balles qui ont touché les manifestants lors des émeutes sanglantes de Kabylie, et qui ne font partie ni de l'arsenal de la gendarmerie ni de celui de la police. Le rapport, qui risque de chambouler complètement les données énoncées par le rapport «préliminaire» de la commission Issad, risque de créer des zones d'interrogation cruelles. En empruntant des pistes d'investigation nouvelles, le rapport met la lumière sur des connexions mafieuses, terroristes et politiques très importantes, tout en rejetant l'explication par trop simpliste, de l'implication directe, seule et unique de la gendarmerie dans les événements de Kabylie. Cette piste implique une connexion terroriste, ou pour le moins mafieuse et en appelle à plusieurs niveaux de lecture. La volonté de récupération par le Gspc de la contestation a été prouvée par des faits concrets rapportés par la presse nationale. Néanmoins, cette volonté est somme toute «normale», s'il n'est pas avéré qu'il y avait connexion, connivence ou accord établi avec une ou des parties civiles. Les récupérations politiques n'étant pas en reste, il y a aussi tout un travail orienté dans cette direction. Maintenant, s'il y a lieu de dénoncer le versement d'une organisation politique dans un mouvement radical ou violent, il faut apporter la preuve de son implication et le consigner dans le rapport. Cette piste rejoint le propos de Saïd Saïdi, le leader du RCD, qui disait, il y a quelques mois, au tout début des émeutes, que des «terroristes ont tiré sur la foule». Quelques «trucs» de la guérilla urbaine, mis à profit par les islamistes et ramenés de la guerre d'Afghanistan par les premiers «insurrectionnels», en 1992 et les années qui ont suivi, tels le «jeu de miroirs réfléchissants», le tir au rond à béton, les sacs d'essence jetés avant un dernier cocktail Molotov, etc., renseignent sur les méthodes les plus éprouvées d'une connaissance avérée en matière de guérilla. Mais le plus important demeure, certes, cette histoire de balles ne correspondant ni à celles des gendarmes ni à celles des policiers, car elle remet en mémoire le chapitre du rapport du professeur Issad, traitant d'«une force occulte» qui serait intervenue dans les émeutes de Kabylie. Quoi qu'il en soit, les spécialistes de la balistique ont remis leurs résultats et il reste à la commission Bayoudh d'élaborer un rapport crédible et cohérent et d'éviter la précipitation, dans laquelle est tombée, délibérément ou non, la commission mise sur pied par le Président de la République.