Il y aurait, selon des rumeurs, des tracts portant les noms de journalistes et de médecins à assassiner. Les déclarations du général Lamari sur le retour de l'intégrisme dans les mosquées ne sont pas passées inaperçues. Les fidèles, qui soupçonnaient une surveillance dans les lieux de culte, sont presque sûrs de cela. Le temps d'une prière à la mosquée de Belcourt connue sous le nom de «Kaboul», révèle que les années Ali Benhadj sont loin d'être oubliées malgré les rumeurs qui circulent évoquant l'existence de tracts portant les noms de journalistes et de médecins menacés de mort. Mosquée de Kaboul. Il est 13h. Les fidèles commencent à se presser à l'entrée de la mosquée. Le dernier arrivé n'a aucune chance de trouver une place. Interdiction de faire la prière à l'extérieur de la mosquée. La politique est, aussi, interdite dans les prêches. Un jeune à la barbe naissante nous déclare: «Il n'y a pas de politique avec les imams fonctionnaires (...) lorsque Abassi Madani faisait ses prêches, il y avait des fidèles qui venaient de tous les coins du pays, cela durait des heures pendant lesquelles la circulation était totalement bloquée à Belcourt.» Aujourd'hui, personne n'en parle ouvertement, les regards suspicieux lorsque le nom du prédicateur de l'ex-numéro 1 du FIS est prononcé révèlent, sans équivoque, le sentiment d'être surveillé par les services de renseignements. «La présence de la police à l'entrée des mosquées était moins discrète puisque la proximité de laâqiba justifie amplement cette présence musclée», nous indique un vieillard. «Une mosquée ne doit servir qu'à faire la prière. Le jour où la politique a investi ces lieux, j'ai prédit que le sang allait couler...» Ni les jeunes fidèles ni les vieux qui regrettent les années où la mosquée était un lieu de sérénité, n'ont évoqué l'existence de tracts qui circulent dans la mosquée Kaboul. «S'il y a des tracts, c'est pas dans les moquées que ça circulerait. Ceux qui peuvent frapper à n'importe quel moment n'ont plus besoin d'afficher leurs intentions», nous indique un autre jeune s'interrogeant sur le pourquoi de telles rumeurs. «Ils vont nous attirer des ennuis ces faiseurs de rumeurs. J'ai peur qu'un jour en venant prier je me retrouve accusé de quelque chose que je déteste. La plupart des fidèles de la mosquée sont des gens modestes qui se connaissent tous. Entre chaque prière, nous allons en face pour vaincre notre misère», montrant du doigt la «dlala» de Laâqiba. Un autre héritage de l'ère de l'ex-FIS. La religion et le trabendisme font bon ménage...