La Centrale syndicale s'est probablement exprimée un peu trop vite sur une mesure qui va léser bon nombre de travailleurs. Dans une intervention sur les ondes de la Radio nationale Chaîne II, le chargé de la communication de Abdelmadjid Sidi Saïd, soutient la mesure de la loi de finances complémentaire qui prive les classes laborieuses d'avoir recours aux prêts bancaires. L'accès aux biens de consommation durable (voitures, matériel électroménager et informatique...) semble définitivement scellé pour les catégories sociales les plus laborieuses. C'est de l'histoire ancienne. Le plus surprenant et inattendu dans cette affaire est la réaction de la Centrale syndicale qui apporte sa caution. «Nous préférons revendiquer des augmentations et améliorer ainsi le pouvoir d'achat des travailleurs plutôt que de les voir s'endetter à travers les crédits à la consommation», a déclaré, samedi tard dans la soirée, Rachid Aït Ali au journaliste de la Chaîne II qui l'interviewait sur la question. On venait d'enregistrer la première réaction à chaud et officielle du côté de la place du 1er-Mai. Rien d'extraordinaire à signaler jusque-là. Sauf que les déclarations du chargé de la communication de l'Union générale des travailleurs algériens s'est faite dans la foulée des ripostes de citoyens qui ont tenu à exprimer leur désapprobation, voire leur colère, face à une décision qui les pénalise, si l'on se réfère à leurs propos. «Je ne pourrais jamais réaliser mon rêve, j'avais comme projet d'acheter une petite voiture. Un "luxe" auquel je ne pouvais prétendre que grâce aux prêts accordés par les banques. Tout tombe à l'eau. C'est un rêve que je caressais depuis longtemps qui s'envole. Mon salaire de fonctionnaire ne me permettra jamais de payer un véhicule cash, quand bien même il soit d'occasion. La vie est trop chère pour faire des économies», a confié Ahmed lorsqu'il a pris connaissance de cette mesure. C'est que l'article 75 de la loi de finances complémentaire 2009 préoccupe de nombreux salariés qui avaient trouvé dans cette formule proposée par certains établissements bancaires un moyen de financement intéressant pour améliorer leur qualité de vie en ayant accès à certains produits de consommation qu'il leur aurait été difficile d'acquérir malgré des taux d'intérêt que d'aucuns jugent élevés. C'est de toute évidence la faille qui a été exploitée par les concepteurs de l'article de loi incriminé pour justifier cette décision. Trop de ménages s'endettent à travers ce type de produit proposé par les banquiers. Ce qui justifie la réorientation souhaitée par le gouvernement, des crédits à la consommation vers l'immobilier et l'acquisition de logements. «Je suis tout de même libre d'utiliser mon argent dans l'achat d'une voiture que dans celui d'un appartement», s'est insurgé notre interlocuteur. Y voit-il une atteinte à ses libertés? «Je n'irais pas jusqu'à dire cela mais j'ai l'impression que l'on nous prend pour des mineurs», ajouta-t-il l'air désabusé. Ce cas ne semble pas du tout isolé et les commentaires vont bon train un peu partout à travers le territoire national si l'on en juge par les informations rapportées quotidiennement par l'ensemble de la presse écrite nationale. «Le gouvernement a réduit mon rêve en cendres...», a déclaré à un de nos confrères, une salariée. Des propos qui illustrent la désillusion des classes laborieuses et qui donnent déjà un aperçu de l'impopularité incontestable d'une telle décision. Le chargé de la communication de l'Ugta a-t-il pesé le poids et l'impact de ses déclarations qui vont à l'encontre d'un mode de financement qui faisait l'affaire des salariés? A-t-il été mandaté par le secrétaire de l'Ugta qui a tenu à exprimer la position officielle de la Centrale syndicale? Selon certaines informations qui nous sont parvenues, les commentaires vont bon train du côté de l'ex-Foyer civique et ils sont loin d'être sur la même longueur d'onde.