Appliquant le niveau de tolérance zéro, l'Algérie compte obtenir l'extradition de leaders islamistes tels que Kébir et Haddam. Le ministre de l'Intérieur, à partir de la Libye, s'est exprimé en exclusivité sur les ondes de la chaîne III sur le phénomène terroriste, la lutte mondiale contre celui-ci, mais aussi la brusque recrudescence que connaît le pays en général, la capitale en particulier. Ainsi, Yazid Zerhouni est-il venu confirmer ce que nous avions déjà écrit dans ces colonnes, citant des sources sécuritaires très crédibles. «L'actuelle recrudescence terroriste, qui touche Alger, est le fait de nouveaux groupes terroristes.» Rien à voir, donc, avec le GIA classique et les éléments activant encore dans les maquis sous la férule du sanguinaire Abou Tourab. Zerhouni en veut pour preuve «le fait que certains de ces éléments aient déjà été identifiés par les services de sécurité». Il s'agit, comme signalés précédemment, d'anciens détenus, proches de l'AIS et du GIA, qui ont bénéficié des mesures de grâce liées à la concorde civile et qui ont repris du service tout récemment. Zerhouni, qui indique que l'opération d'identification permettra sans nul doute de démanteler ces réseaux dans un proche avenir, n'en ajoute pas moins que «des attentats plus ou moins graves sont à craindre d'ici à là». Pour le ministre de l'Intérieur, «une baisse de vigilance sans précédent a été observée aussi bien chez les populations que chez les services de sécurité parce que l'Algérie a vécu trois années de paix réelle dans tous ses sites urbains». C'est une des raisons, semble-t-il, qui explique cette brusque recrudescence d'autant plus, souligne le ministre, qu'«il n'y a rien de plus facile, quand on n'est pas recherché, de tirer sur quelqu'un et de s'éclipser juste après, ou de déposer une bombe quelque part sans être remarqué par personne». Yazid Zerhouni n'en ajoute pas moins que «grâce à la vigilance des citoyens et des services de sécurité, pas mal d'attentats ont pu être déjoués avant que le pire n'advienne». Sans cette vigilance, est-on tenté de penser, les bilans auraient été autrement plus lourds. Revenant sur sa rencontre avec ses homologues des rives nord et sud de la Méditerranée, Zerhouni a indiqué que les attentats du 11 septembre ont eu ceci de positif : ils ont permis au monde entier de prendre conscience du danger véritable que constitue le terrorisme islamiste international. Aussi, les dix ministres se sont-ils entendus sur «un niveau de tolérance zéro vis-à-vis de ce phénomène». Mieux encore, «une coopération sans précédent est en train de se cristalliser entre l'Algérie et les pays européens en matière de lutte contre le terrorisme». L'Algérie, développant les thèses déjà abordées par le Président Bouteflika dans son dernier discours, a tenu à rappeler qu'il n'y a pas de bons et de mauvais terroristes. Pour notre pays, «la définition de ce phénomène est une condition primordiale pour mener une lutte efficace contre ce fléau». Dans ce contexte, apprend-on, «l'Algérie serait sur le point de conclure des accords concernant l'extradition d'islamistes réfugiés en Europe, et peut-être même aux USA, soutenant ouvertement le terrorisme et l'aidant financièrement et militairement». Ces islamistes, jusqu'au 11 septembre dernier, ont profité du statut d'opprimés et de réfugiés politiques sous la seule condition de n'organiser des attaques terroristes qu'en Algérie. Des islamistes comme Haddam et Kébir, connus pour être des têtes pensantes du terrorisme en Algérie, peuvent bien échouer un jour en Algérie afin d'être jugés et condamnés après de longues années de crimes atroces que beaucoup pensaient impunis alors que personne n'aurait dû perdre de vue que le crime ne paye pas.