Les terroristes du Gspc obéissent toujours à une direction politique installée à l'étranger. La scène sécuritaire s'est particulièrement animée ces derniers jours, dans le but de donner une fin «en queue de poisson» à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Coïncidence, la recrudescence des actes terroristes est intervenue au lendemain d'une énigmatique sortie médiatique d'un des dirigeants du parti dissous, installé à l'étranger, Anouar Haddam en l'occurrence. Ce dernier, qui s'était exprimé via le canal d'Al jazeera, avait, rappelons-le, annoncé ce qu'il qualifie d'échec de la réconciliation nationale, arguant du fait que celle-ci n'ait pas été accompagnée par des mesures en direction des politiques du parti dissous. Haddam qui parlait au nom des dirigeants de l'ex-FIS à l'étranger, avait réclamé, ni plus ni moins, que la réhabilitation du parti à l'origine de la crise qui a secoué le pays durant la décennie 90. Les déclarations de Anouar Haddam auraient pu passer comme n'importe quel commentaire politique, n'était le retour de la violence terroriste qui a suivi. Mais une profonde analyse, faite par des cercles bien au fait du phénomène terroriste en Algérie, relève le caractère «suggestif» des propos tenus par le leader islamiste qui fut l'un des ministres du gouvernement fantoche GIA, avant d'annoncer sa dissidence de la direction de Antar Zouabri. En effet, des sources dignes de foi ont indiqué à L'Expression que Anouar Haddam est demeuré en contact avec le Gspc et que ses sorties médiatiques n'étaient pas si innocentes que cela. L'analyse, citée plus haut, conforte cette thèse et n'écarte pas une très forte probabilité de connexion entre les politiques installés à l'étranger et les terroristes encore actifs à l'intérieur du pays. La même analyse soutient que le refus des dirigeants du parti dissous de rejoindre le pays tient d'une stratégie qui consiste à maintenir une sorte de pression politique permanente sur l'Etat algérien, aidé en cela par un activisme terroriste qui donne de la «crédibilité» au discours islamiste tenu outre-Méditerranée. En termes clairs, les terroristes du Gspc obéissent, encore, à une direction politique. Celle-ci ne peut évidemment pas afficher clairement la couleur. La raison est, en fait, très simple. Le Gspc étant considéré comme une organisation terroriste par le département d'Etat américain, tout politique, s'en revendiquant, s'expose automatiquement à des poursuites judiciaires et risque la prison, voire l'extradition vers l'Algérie. Les responsables du FIS dissous à l'étranger qui, faut-il le souligner, n'ont pas «apprécié» la reddition de l'Armée islamique du salut, tiennent fortement à leur «droit d'asile» dans leur pays d'accueil. Et pour contourner la réglementation internationale en rapport avec les mouvements terroristes, les islamistes de l'ex-FIS, établis à l'étranger, usent d'artifice médiatique pour faire passer des messages à leurs bras armés en Algérie. Les analystes, qui ont décortiqué le discours des dirigeants du parti dissous, installés en Occident, soulignent la volonté de ces islamistes de ne «céder» à aucune proposition émanant du pouvoir tant que celle-ci n'évoque pas explicitement le retour de l'ex-FIS à la légalité en Algérie. Ainsi, en affichant leur soutien à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Anouar Haddam et consorts entendaient «négocier», avec le pouvoir, une «concession» politique. Durant les premiers mois d'application de la Charte, ils distillaient des propos «mielleux» en direction du pouvoir, mais néanmoins «teintés» d'expressions de «vigilance». Ce discours a produit son effet sur le terrain: les actes terroristes ont sensiblement baissé, mais sans pour autant enregistrer des redditions de chefs terroristes. En d'autres termes, les terroristes du Gspc étaient en attente. C'était les ordres de la direction politique. A quelques jours de la fin de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et voyant que ni le président ni aucun leader politique n'avaient formulé l'éventualité de donner un «accompagnement» politique de ladite Charte, d'autres ordres ont été donnés avec pour objectif de «saborder» la réconciliation nationale. Ainsi, les attentats terroristes ont repris et l'on parle déjà d'un bilan «mitigé» de la démarche présidentielle. Le message est, en fait, clair: «C'est nous qui tenons les rênes de la bête terroriste et sans nous, il n'y aura pas de paix en Algérie». C'est à ce résultat qu'est parvenue l'analyse réalisée par de grands experts du terrorisme en Algérie qui retiennent également que la prolongation du délai d'application de la Charte ne sert, en fait, pas les intérêts de ce groupe de politiciens, ces derniers souhaitant plutôt une radicalisation de l'Etat et ce, pour ne pas perdre leurs troupes. Enfin, il est clair, soutiennent les mêmes analystes, que la connexion entre les dirigeants de l'ex-FIS établis à l'étranger et le Gspc ne peut en rien constituer un danger pour la nation, du simple fait que l'organisation terroriste vit son dernier quart d'heure, avec des effectifs se réduisant comme une peau de chagrin.