Les dernières mesures prises par le gouvernement, la crainte de voir les prix des fruits et légumes et des viandes s'envoler se heurtent à l'incompréhension légitime des citoyens. L'opinion publique doit être éclairée sur bon nombre de points qui ont jeté des zones d'ombre sur les décisions prises par l'Exécutif, en plus d'être rassurée que son pouvoir d'achat ne subira pas de détérioration supplémentaire à l'occasion du début du mois de Ramadhan. Les pouvoirs publics auront sans doute à coeur de dissiper les angoisses qui se sont installées au sein de classes laborieuses, en partie à cause d'une absence notoire de communication. Pas plus tard qu'hier, des discussions «électriques» se sont tenues autour de la nouvelle mesure de la loi de finances complémentaire qui a pour but de renforcer le contrôle des activités de la téléphonie mobile. Elle prévoit l'instauration d'une taxe de 0, 5% sur les rechargements de compte par carte ou rechargement électronique. Certains points de vente n'ont pas attendu plus d'éclaircissement sur les modalités de sa mise en application pour la mettre en oeuvre. De nombreux témoignages sont venus le confirmer, à en croire un micro-trottoir organisé, dans la wilaya de Batna, par la Radio nationale. De leur côté, les opérateurs démentent avoir donné des instructions en ce sens. «Nous attendons de plus amples précisions de la part du gouvernement», a déclaré l'un d'entre eux. Il faut probablement s'attendre à ce que le Premier ministre prenne la parole dans les tout prochains jours pour mettre fin à ce climat de confusion favorable à toutes les formes d'interprétation et de spéculation. Après le retour des membres du gouvernement de leur mise en congé. Ceux qui ont assuré l'intérim des différents départements ministériels ont été mis sous les feux de la rampe par une actualité brûlante provoquée par les nouveautés contenues dans la loi de finances complémentaire ainsi que par les préoccupations des consommateurs quant à la très probable flambée des prix, qui les attend d'ici moins de deux semaines. Le mois de Ramadhan, sacré mois de la surconsommation, est propice à ce type de conjoncture. Les services interpellés à propos de ce sujet ont tant bien que mal tenté de colmater les brèches. Quelquefois sans convaincre et tantôt sans pouvoir, suffisamment, rassurer. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais le mois sacré semble s'être définitivement institué en tant que tel. Les étals des marchés seront très bien achalandés. La viande sera disponible. Tout le monde le sait. Personne ne dit le contraire. Ce que la majorité des Algériens redoute, c'est la flambée des prix. Le refrain est connu, il revient tous les ans. Cette fois-ci, juré craché, les spéculateurs n'ont qu'à bien se tenir. D'un autre côté l'on nous dit que la première semaine risque d'être terrible. Le président de la Fédération nationale des marchés de gros des fruits et légumes pointe déjà du doigt les fellahs (voir L'Expression de jeudi). Les fellahs accusent les commerçants. Les commerçants ciblent le pouvoir d'achat qui selon eux n'augmente pas aussi rapidement que les produits de consommation. Et les pouvoirs publics s'en prennent aux spéculateurs. Au beau milieu de toute cette cacophonie, le consommateur demeure l'éternel dindon de la farce. Sans conteste, le gouvernement doit mettre les pieds dans le plat. En cette période de piété où les inégalités doivent être réduites par un esprit de solidarité sans faille, bien au contraire, le fossé se creuse encore un peu plus, comme pour nous montrer combien de nécessiteux compte le territoire national. Autre sujet à polémique: la suppression des crédits des produits de consommation durable (automobiles, matériel électroménager...). Cette mesure en plus d'avoir fait couler beaucoup d'encre a suscité des réactions hostiles. Pourquoi? La raison principale invoquée pour justifier sa mise en oeuvre réside dans le surendettement des ménages. Une thèse à laquelle s'est même ralliée l'Union générale des travailleurs algériens par la voix de son chargé de la communication. Curieusement, les établissements bancaires n'ont rendu public aucun rapport, ni fourni de statistiques irréfutables, prouvant l'existence d'un tel phénomène. La rue quant à elle s'interroge, allant jusqu'à l'interpréter comme une «mise sous tutelle». Un méli-mélo dont l'écheveau doit être démêlé. Le Premier ministre qui, dans un passé récent, a reconnu que le gouvernement prêchait par son manque de communication avait vu juste. Va-t-il y remédier? Les décisions les plus impopulaires passent et finissent par être admises lorsqu'elles sont argumentées. La bonne gouvernance, c'est aussi la mise en pratique d'une bonne stratégie de la communication.