Les victimes de l'inceste, sujet tabou, ne se comptent plus sur les doigts d'une seule main. Combien sont-elles? Déposer plainte relève de l'utopie. Celles ayant bravé le mur du silence et de la honte sont rares. En effet, quelque trente-six cas d'inceste ont été relevés, ces six derniers mois, sur des mineurs dont l'âge ne dépasse pas les 16 ans, selon la Gendarmerie nationale. Récemment, dans la commune de Sidi Chahmi, un père d'un âge avancé a abusé de sa fille en très bas âge. Il y a une quinzaine de jours, le procureur de la République près le tribunal d'Oran a ordonné la mise sous mandat de dépôt d'un frère et sa soeur pour rapports incestueux. L'homme, d'un âge avancé et veuf de son état, n'a pas trouvé mieux pour assouvir son instinct bestial que d'agresser sa jeune soeur. Consentante, la jeune femme finit par tomber enceinte. Découverte, l'affaire fut traitée par la justice. La liste des cas d'inceste serait très longue si les victimes déposaient plainte, volontairement apprend-on des mêmes sources. L'inceste tend à prendre des proportions dangereuses et inquiétantes. «Il faut une réelle prise de conscience pour poser cette problématique avec acuité sur la table des débats», ajoute notre source. Ainsi, près d'une vingtaine de personnes ayant été citées lors des différentes affaires d'inceste, ont été arrêtées, dont une douzaine de prévenus mis sous mandat de dépôt. A Oran, tout comme ailleurs, l'inceste tend à devenir une alternative aux frustrations nées d'inextricables situations sociales parmi lesquelles les spécialistes citent l'absence totale d'éducation sexuelle, les problèmes sociaux, la déchéance sociale et le déficit affectif. Cependant, tous ces facteurs n'expliquent pas la dépravation ni le crime.