Le Premier ministre désigné au Liban Saad Hariri a transmis hier la liste de son futur gouvernement au président de la République Michel Sleimane pour approbation, malgré les réserves de la minorité parlementaire menée par le Hezbollah. «Soixante-dix jours après avoir été chargé de former le gouvernement, j'ai présenté une liste de 30 ministres (...) qui représentent tous les groupes parlementaires de manière équitable», a affirmé M.Hariri à l'issue d'une rencontre avec M.Sleimane dans la résidence d'été présidentielle à Beiteddine (est de Beyrouth). «Le président de la République m'a informé qu'il allait étudier cette liste en vue de prendre une décision concernant la signature du décret de formation du gouvernement (...). Je suis dans l'attente de sa réponse», a-t-il précisé. Le Premier ministre désigné a précisé que la composition du gouvernement respectait la formule «15-10-5», soit 15 ministres pour la majorité parlementaire dont il est le chef de file et qui est soutenue par l'Occident, 10 pour la minorité appuyée par l'Iran et la Syrie et cinq ministres «neutres» choisis par le président de la République. Cette formule fait l'objet d'un consensus entre les deux camps, mais les consultations bloquent toujours sur les noms de certains ministres et la nature des portefeuilles accordés à la minorité. La majorité accuse l'un des alliés du Hezbollah, le chrétien Michel Aoun, qui est à la tête du deuxième groupe parlementaire, d'entraver la formation du gouvernement en voulant maintenir son gendre Gebrane Bassil à la tête du ministère des Télécommunications, accusations rejetées par M.Aoun. «Nous n'accepterons pas un gouvernement de facto. (M.Hariri) doit tenir compte de nos demandes», a affirmé Simon abi Ramia, député du Courant patriotique libre, le mouvement présidé par M.Aoun. «C'est la meilleure formule pour entraîner le pays vers une situation de crispation», a-t-il ajouté, précisant qu'il n'était pas au courant de la liste gouvernementale proposée par M.Hariri. Avant même la rencontre entre M.Hariri et le chef d'Etat, des leaders de l'opposition avaient averti qu'aucun accord n'avait été conclu et qu'ils exprimaient leurs réserves concernant les propositions du Premier ministre désigné. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, devait s'exprimer sur ce sujet hier en fin de soirée.