«Beaucoup d'entreprises ne pourront pas digérer une hausse importante», estime Réda Hamiani, président du FCE. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), est favorable à l'augmentation du Snmg mais à certaines conditions. «La question de la hausse des salaires mériterait d'être traitée secteur par secteur pour tenir compte des capacités de chacun d'eux à générer des gains de productivité à partager avec le facteur capital», recommande le président du FCE, Réda Hamiani. Dans un entretien accordé à «Tout Sur l'Algérie», il dévoile, pour la première fois, la position de son organisation sur cette question, qui sera discutée lors de la tripartite prévue pour le mois d'octobre prochain. Pour le FCE, la hausse des salaires est fondée socialement au regard de l'appauvrissement des classes sociales à faibles revenus. Mais sur un plan strictement économique, Réda Hamiani estime que le salaire est un élément de coût pour les entreprises. A ce titre, beaucoup d'entre elles ne pourront pas digérer une hausse importante car leur productivité étant faible, elles seront dans l'obligation de répercuter entièrement cette augmentation dans leur prix, considère-t-il. Pour le président du FCE, cela rendra leur offre invendable sur les marchés devenus très compétitifs par l'ouverture commerciale à l'international. De plus, ajoute l'interviewé, l'organisation de notre marché du travail fait craindre une répercussion mécanique de cette hausse du Snmg à l'ensemble des revenus entraînant du même coup une inflation difficile à contenir dans un contexte d'une offre orientée à la baisse (moins d'importations et production locale encore en léthargie). Il faut souligner que plusieurs économistes ont déjà partagé cet avis dont Abdelhak Lamiri. Ce dernier avait soutenu que l'augmentation des salaires est liée à la productivité, mais elle est liée également à l'inflation. Pour cet expert, il faut avoir des systèmes de simulation économique pour mieux mesurer les répercussions d'une hausse des salaires sur le niveau de vie, le PIB, l'inflation et les autres paramètres économiques pour avoir une bonne politique salariale. L'autre chapitre abordé par M.Hamiani concerne la loi de finances complémentaire 2009. Il relève ainsi le mécontentement des chefs d'entreprise en déplorant surtout «l'absence de concertation» qui a caractérisé la préparation des mesures décidées. Il soutient que certaines d'entre elles présentent de sérieuses contraintes pour l'entreprise comme l'obligation de l'utilisation du crédit documentaire et la suppression des procurations. Toutefois, Hamiani souligne que «nous comprenions la philosophie générale de cette loi, puisque les équilibres de la balance des paiements algérienne étaient menacés». Quant à l'impact de cette loi sur les importations, le président du FCE estime qu'il est quelque peu prématuré de vouloir l'apprécier. Pour ce qui concerne les investissements étrangers, les nouvelles règles sont considérées par les partenaires potentiels comme inopportunes parce qu'elles réduisent l'attractivité de notre économie. Notre crainte est que les nouvelles mesures réduisent effectivement les importations mais sans pour autant favoriser, pour l'instant, les entreprises nationales. Le FCE propose de relayer la politique de relance par la dépense publique et les grands travaux par une rigoureuse politique de l'offre devant reposer sur le renforcement des capacités productives des entreprises locales, y compris étrangères. S'exprimant sur les PME, il souhaite par ailleurs que les autorités mènent une politique de création de champions ou de grands groupes dans le secteur privé, comme c'est le cas pour le public. Dans ce contexte, les banques ont un rôle majeur à jouer en matière de crédit.