«La question de la hausse des salaires, mériterait d'être traitée secteur par secteur pour tenir compte des capacités de chacune des entreprises à générer des gains de productivité à partager avec le facteur capital», c'est là la position du Forum des chefs d'entreprises (FCE), dont le président, Réda Hamiani, s'est exprimé, hier, dans un entretien exclusif au site TSA (Tout sur l'Algérie). C'était en réponse à la question concernant la tripartite qui regroupera, après le Ramadhan, le gouvernement, le patronat et l'UGTA. Selon lui, «le salaire est un élément de coût pour les entreprises, et beaucoup d'entre elles ne pourront pas digérer une hausse importante car, leur productivité étant faible elles seront dans l'obligation de répercuter entièrement cette augmentation sur les prix de vente». Ajouter à cela le fait que «l'organisation de notre marché du travail fait craindre une répercussion mécanique de cette hausse du SNMG à l'ensemble des revenus, entraînant du même coup une inflation difficile à contenir dans un contexte d'une offre orientée à la baisse». Sur la place que doit avoir l'entreprise privée dans le plan de relance économique 2009-2014 , le premier responsable du FCE dit que le pays avance dans le plan de création de un million de PME. «Un objectif qui nous satisfait d'un côté. De l'autre, nous aimerions connaître les retombées pour les PME-PMI du vaste programme de relance.» Et d'ajouter que l'Algérie, qui n'a rien inventé, «a besoin en urgence d'un «small business act» qui lui permettrait d'avoir de nouveaux acteurs en matière de développement et de croissance en tirant profit de toutes les opportunités offertes par son économie». Interrogé sur le retour sur la scène économique de grands groupes à capitaux publics, aidés en cela par l'Etat qui veut en faire des champions, et de la place du secteur privé dan cette démarche, M. Hamiani répondra en estimant que «le nombre de PME-PMI est insuffisant et [celles existantes] n'ont pas la taille critique pour faire face à l'ouverture et à la nouvelle compétition imposée de l'extérieur». Pour lui, une telle démarche de création de grands groupes «devrait être également appliquée dans le secteur privé, à travers un accompagnement de nature à faciliter cette politique». Dans ce contexte, «les banques ont un rôle majeur à jouer par la mise en œuvre d'une politique innovante et ambitieuse en matière de crédit». A propos de l'impact des nouvelles mesures contenues dans la loi de finances sur l'économie nationale, le président du FCE a déclaré que «l'évolution pour ce qui est des importations est positive puisqu'une diminution de plus de 50% [en valeur] du montant des importations agro-alimentaires (lait, huile, sucre, ...) à titre illustratif». Plus révélateur encore, a-t-il indiqué, «la dépréciation du prix de la devise sur le marché parallèle traduisant une faiblesse de la demande en provenance des importateurs qui sont actuellement en position d'attente». Quant à l'impact de ces mesures sur le climat des affaires en Algérie, notamment concernant les investissements étrangers, l'interviewé explique qu'«il s'en est trouvé très contrasté, partagé entre les nationaux qui ont salué le renouveau d'un patriotisme économique exprimé à travers les règles économiques affichées par cette nouvelle vision et les étrangers désappointés par cette nouvelle logique». Revenant sur la position officielle du FCE sur ce dossier, son patron signale : «Cette loi contient des mesures positives pour l'entreprise. Nous saluons toutes les mesures prises pour encourager la création d'entreprises. Cependant, il nous fallait réagir pour ce qui est des mesures qui présentent de sérieuses contraintes nouvelles pour l'entreprise comme l'obligation de l'utilisation du crédit documentaire et la suppression des procurations.» Revenant au gouvernement, qui refuse de reculer sur plusieurs mesures phares de cette loi, notamment celle relative à l'instauration du crédit documentaire comme unique moyen de payement des importations, le FCE signale qu'«il y a la recherche de consensus autour des modes de paiement les plus adaptés». «Nous prenons acte que le gouvernement est contre le transfert libre en raison des transferts incontrôlables de valeur alimentant dans de grandes proportions le marché parallèle de la devise. Il faut juste souhaiter que c'est la bonne thérapie», conclut Reda Hamiani. B. A.