Il reste à savoir si le parti va tirer profit de ces conférences pour apporter des solutions à la société. Le parti majoritaire du FLN lance un débat sur des questions très sensibles. L'agriculture et la sécurité alimentaire, le développement de l'économie hors hydrocarbures, l'ouverture de l'audiovisuel, l'école et le système éducatif, le rôle de la société civile dans la promotion de la pratique démocratique. Ce sont autant de sujets essentiels constituant des problématiques de l'heure qui suscitent l'intérêt du FLN. Pourquoi ce débat et maintenant? Le parti majoritaire prépare-t-il des projets de société ou s'agit-il juste d'une manière de garnir le bouquet? Cet intérêt affiché pour les sujets d'actualité est loin d'être fortuit. Connu par ses initiatives, le vieux parti semble mijoter en catimini des projets de réflexion et des propositions qui seront soumis puis adoptés lors du 9e congrès ordinaire. Sachant que ces sujets nécessitent inéluctablement l'ouverture d'un débat, le FLN emboite le pas à ses alliés. Se considérant comme une force de proposition, le FLN dépoussière les vieux dossiers qui préoccupent l'opinion publique. M.Belkhadem veut saisir l'occasion du 9e congrès pour donner un nouveau souffle au parti et rétablir sa mission au sein de la société. «Nous sommes une force de proposition», rappelle le secrétaire général de l'instance exécutive, Abdelaziz Belkhadem, à chaque sortie médiatique. «Le FLN est un parti historique qui constitue la première force politique du pays», a-t-il rappelé lors de l'installation de la commission nationale de préparation du congrès. Devant une assistance importante des cadres du parti, M.Belkhadem a affirmé que le parti n'est pas comme les autres formations nées dans une étape ou dans une conjoncture particulière. Etant la première force politique sur l'échiquier national, le parti a engagé plusieurs réflexions sur différents sujets à caractère politique, économique et social. Lors de la conférence-débat tenue avant-hier au siège du parti, les intervenants ont décortiqué la problématique de l'école et du système éducatif. Ces derniers ont remis en cause le système éducatif en relevant le phénomène de la déperdition scolaire et le problème de l'absence de main-d'oeuvre qualifiée. Le professeur Mohamed Taib Sadani a mis l'accent sur la méthode pédagogique suivie en affirmant: «On n'apprend pas aux élèves comment réfléchir.» Il avance que le livre scolaire qui est la pièce maîtresse de toute réforme manque de clarté et de précision dans la définition des concepts. De son côté, le professeur Cheboukki soutient que la problématique du système est dûe à une rupture entre la politique et l'éducation. «L'éducation est un projet de société qui reflète la politique d'un pays», a-t-il affirmé en précisant que l'administration doit être rigoureuse. Pour lui, beaucoup d'observateurs estiment que la crise de l'école algérienne est une crise managériale. S'exprimant sur l'éducation en relation avec le marché du travail, M.Filalli a fait savoir qu' «il y a un mur entre le monde du travail et l'université». «L'université forme des diplômés et non pas des cadres opérationnels», a-t-il indiqué. Le sociologue Nasr Edinne Djabber a résumé la situation de l'école algérienne en une phrase: «Nous sommes aujourd'hui devant une problématique de reproduction.» Pour le professeur Idris Fadli, il est temps de penser à la qualité de l'enseignement et de promouvoir les langues. «Jusqu'à présent nous ne sommes pas encore parvenu à définir des méthodes pédagogiques claires et efficaces»,a-t-il regretté. Enfin, il reste à savoir si le parti du FLN va tirer profit de ces conférences pour apporter des solutions à la société.