Louisa Hanoune en avait fait son cheval de bataille durant la campagne présidentielle d'avril 2009. Elle l'avait estimé à 30.000 dinars. S'il y a un moment qui est attendu avec impatience par les travailleurs, c'est bien celui de la tenue de la prochaine tripartite qui doit se réunir quelques jours après la fin du mois de Ramadhan. Il sera question de leur pouvoir d'achat. Une occasion pour la Centrale syndicale de remettre les pieds à l'étrier, de renouer avec sa vocation originelle, et à Abdelmadjid Sidi Saïd de retrouver sa casquette de syndicaliste. Les Smicards retiennent leur souffle. A combien sera fixé le Snmg? La secrétaire générale du Parti des travailleurs en avait fait un de ses thèmes principaux durant la campagne présidentielle d'avril 2009 à laquelle elle avait pris part. En cas de victoire, elle avait envisagé de le hisser à 30.000 dinars. Comment s'y serait-elle prise? «Il suffit par exemple de 5,2 milliards de dollars pour relancer le secteur industriel et créer 600.000 emplois. Avec une enveloppe annuelle de 4 milliards de dollars, on peut augmenter le Snmg, de 12.000 dinars il peut passer à 30.000 dinars. Voilà le langage de vérité que nos compatriotes attendent de leurs responsables», avait-elle déclaré aux médias lors d'une conférence de presse qu'elle avait animée au mois de février 2009. La conjoncture s'y prête-t-elle, pour autant, à l'application d'une telle proposition? La réalité est ce qu'elle est, il faut le reconnaître. Elle repose sur des données et des performances économiques qui ne sont basées essentiellement que sur les exportations en hydrocarbures. L'économie nationale en dépend étroitement. Certes, l'année 2008 fut exceptionnelle et la moisson historique. L'Algérie a pu engranger pas moins de 76 milliards de dollars mais uniquement à la faveur des records réalisés par des cours de l'or noir qui ont particulièrement culminé, jusqu'à atteindre les 147 dollars en juillet 2008. Depuis, le prix du baril de brut s'est effondré pour se situer tant bien que mal à un peu moins de 70 dollars. Cela s'est fâcheusement répercuté sur la balance commerciale qui n'a pu afficher qu'un petit milliard de dollars d'excédent pour les sept premiers mois de l'année en cours. Face à une telle conjoncture, la «promesse» de la porte-parole du Parti des travailleurs s'apparente pratiquement à un voeu pieux. En effet, une telle proposition exige des financements qui doivent s'adosser à une santé financière à toute épreuve, sans en aucun cas soumettre la croissance économique (seulement 2,1% pour l'année 2009 selon les prévisions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale) aux aléas provoqués par une crise financière internationale particulièrement féroce. Or, la santé financière de l'économie algérienne ne tient que grâce, exclusivement, à ses recettes tirées de ses exportations d'hydrocarbures. Le récent tour de vis imprimé par le gouvernement à travers des mesures visant, notamment à réduire la facture des importations qui se sont élevées à 40 milliards de dollars à la fin de l'année 2008, donnent un avant-goût de l'ambiance dans laquelle se déroulera la prochaine tripartite. L'année 2009 sera bel et bien l'année des «vaches maigres», comme l'avait prévu le président de la République. Et il ne faut guère s'attendre à une «explosion» du Snmg mais plutôt à son amélioration qui devrait toutefois être raisonnable. Une fourchette qui sera probablement comprise entre 15.000 et 20.000 dinars. L'Union générale des travailleurs algériens qui avait espéré, lors de la dernière tripartite, une augmentation conséquente du salaire minimum (20.000DA) a dû partager presque la poire en deux. Le Snmg est passé de 8000 à 12.000DA. Il faudra compter aussi avec les patrons qui craignent qu'une augmentation conséquente des salaires ne se répercute négativement sur les charges de leurs entreprises. La flambée des prix des produits de consommation, qui a sévèrement érodé le pouvoir d'achat des ménages, pèsera dans la balance. Quant au dernier mot, il reviendra assurément au chef de l'Etat qui y a déjà montré toute sa préoccupation.