Samedi soir, le public habitué à ce genre de «sahrate» a eu droit à une soirée spéciale car animée par deux artistes un peu singuliers. Ramadhan oblige, le madih religieux échoit à la salle Atlas de Bab El Oued. A 22h30, l'orchestre, 13 musiciens et deux choristes, tous des hommes vêtus de noir, fait son entrée sur scène. Et c'est le beau Maher Zain qui fait son apparition. Sa particularité? C'est, un jeune et beau Libanais qui a déménagé avec sa famille en Suède à l'âge de 8 ans. Aujourd'hui, après s'être essayé à la musique occidentale il s'est mis au chant religieux! Sa première inspiration musicale, il la doit à son père qui était lui-même chanteur et jouait déjà dans la belle ville méditerranéenne de Tripoli, du Liban. Après avoir été impliqué un certain temps sur la scène musicale suédoise, Maher rencontre un producteur, RedOne, puis s'installe avec lui à New York. Un pied dans l'industrie musicale et le voila qui collabore avec plusieurs artistes dont Kat Deluna sur son premier album, mais l'ambiance qui entourait ce «show-business» le rebutait. «J'aimais la musique, mais je détestais tout ce qui l'entourait. Je sentais que quelque chose n'allait pas.» Aussi, Maher décide de retourner en Suède pendant que son ami producteur était en contact avec plein d'autres artistes comme Akon, Lady Gaga, Enrique Iglesiais etc. Chez lui, il rencontre un groupe de compatriotes qui étaient actifs au sein de la communauté islamique de Stockholm et il commence à fréquenter régulièrement la mosquée. Il se sentait comme quelqu'un qui avait trouvé la «maison». Dès lors, Maher Zain décide que c'est la voie à prendre. D'ailleurs, il chantera plus tard ce moment dans Inchallah tu trouveras ta voie. Dans un style R'N'B, proche des jeunes, Maher chante l'amour de Dieu, loue le Prophète (Qsssl) et évoque ses miracles. Ses chansons se veulent entraînantes sur des textes qui tendent à rassembler la nouvelle génération. «Moi-même je ne peux écouter les chants religieux de mes aïeux. Je m'ennuierai. Mon style permet aux gens de mon âge d'apprécier ma musique tout en leur indiquant la bonne voie pour trouver la paix.» De plus, le répertoire de Maher Zain est varié et moderne. Il interprétera tout à tour Always be there (moitié en anglais et moitié en français), Be happy, morceau chanté en anglais et en ourdou, variante hindi, Si parfois, mais aussi une chanson sur la Baraka du Prophète (Qsssl) aux mariés. A l'Atlas, une demi-heure file très vite. Son départ est accompagné de youyous. Arrive Mesut Kurtis un Turc ayant appris la langue arabe en lisant le Coran. Il est né en juillet 1981 et a grandi au sein d'un foyer musulman. Il a passé son enfance à Skopje, en Macédoine. Mesut a énormément apprécié sa scolarité. C'est ce qui l'a encouragé à se découvrir et à découvrir ses capacités musicales. Il a découvert qu'il devait y avoir une profonde connexion entre lui et la musique et ce, très tôt. Dès lors, il a commencé à faire partie d'un groupe où il chantait des anachid dans les mosquées et lors de conférences.. Il a étudié au Collège islamique de Skopje, ce qui lui a permis de poursuivre ses études au Royaume-Uni. Mesut décrit sa musique comme étant un mélange d' influences orientales et occidentales. «En s'adressant au coeur, dit-il, je chante avec les mots d'aujourd'hui principalement l'Amour de Dieu et de Son Prophète Mohammed (Qsssl) en privilégiant le live qui s'adresse en direct au public avec un rythme qui diffère de celui du patrimoine mais qui peut-être compris par la nouvelle génération. Ma musique se veut donc une alternative entre l'ancien et le nouveau.» Il dit que sa musique représente en général une part de sa vie et de sa philosophie. qu'elle lui a «apporté une richesse spirituelle immense». Il remercie aussi Dieu qui lui a inculqué cette passion pour la musique grâce à laquelle il voyage dans le monde pour transmettre son message d'amour et celui de tolérance de l'Islam dans le monde. Il travaille actuellement sur de nouvelles chansons, et est souvent en concert partout dans le monde. Il utilise le Coran comme un exemple, un modèle où chaque lettre a sa mélodie et un style de prononciation à part entière, juste comme le son de la nature sur cette Terre. Il s'interroge et se questionne sur le sens profond de qui est «Le Créateur» quand il travaille sur sa musique. Celle-ci plus soutenue et dense, est immédiatement adoptée par l'assistance, a contrario de Maher Zain. Hamza Namira, un Egyptien, est invité à venir l'accompagner à la guitare. Il est beaucoup question de Dieu avec un rythme qui se veut à la fin assez redondant comme dans une ronde soufie. Sa chanson El Bourda, tirée se son album El Habib, suscitera un accueil chaleureux du public qui l'applaudira généreusement. Un homme arrive sur scène et lui offre un bouquet de fleurs. Kutis prie aussi Maher Zain de venir interpréter en duo avec lui Every naight envey day, revue et corrigée. Un beau moment mystique. Et de reprendre, seul, avec Salawat, El Habib etc: A noter que ces deux artistes s'étant produits ce soir, sont représentés par Awakening Entertainment, la même société qui a ramené l'an dernier Samy Youssef. Le producteur de cette société, installée en Angleterre, le Libanais Wassim Malak, nous a confié en aparté: «C'est un message positif et d'espoir que tendent à transmettre nos artistes à travers ces chansons. On prône la modernité et la tolérance de l'Islam dans le monde. On veut montrer toute la profondeur de notre religion. On veut aussi éduquer nos enfants dans notre religion et dire qu'Anglais et Arabes ont les mêmes droits..»