Chanceux ont été les gens ayant afflué, dans la soirée de dimanche dernier, vers l'auditorium de la radio qui abrite actuellement le Festival de jazz africain. Le public s'est naturellement laissé imprégner par l'authenticité de la musique de l'Ahellil du Gourara. Le public, un peu surpris par la prestation des artistes n'a pu que rester en admiration face à ce genre musical et de chants ancestraux de cette partie du Sud algérien. L'entrée est exclusivement sur invitations. «Le nombre de places est limité et c'est pour éviter d'encombrer la salle», nous dira l'un des organisateurs. Mais cela n'a guère découragé les gens, dont certains sont devenus durant ce Panaf des fidèles de l'auditorium où ils savent qu'ils trouveront des spectacles de bonne facture et dans un cadre agréable. «Il y a une ambiance très familiale et pas beaucoup de gens. Ce qui nous permet de bien apprécier le concert. De plus, la sécurité est garantie», dira une jeune maman venue avec ses deux filles. 20h30, les portes de la salle s'ouvrent. Les gens se précipitent mais il y a de la place pour tout le monde. Le concert ne commencera qu'une demi-heure après avec la troupe «Bnet el Meghra» de Timimoun. Les huit femmes et quatre hommes dirigés par khalti Fatima, la chanteuse principale, s'alignent sur la scène. Le flûtiste donne les premières notes. La chanteuse entame un dhikr. La chorale suit en marquant la mesure avec les mains. Le claquement est accompagné par le tintement des bracelets des femmes. Une atmosphère mystique plane dans la salle. Quelques spectateurs tentent dans un premier temps de battre la mesure, mais bien vite l'ambiance chargée de spiritualité -les chants de l'Ahellil qui est organisé à l'occasion de fêtes religieuses, sont principalement des madih- les oblige à s'arrêter. «Arrêtez de casser l'ambiance, ce n'est pas une musique faite pour danser», dira un jeune à ses amis. Khalti Fatima chante en arabe et en zénète (langue amazighe du Gourara). Le public est figé et le silence s'est imposé, laissant la troupe seule maîtresse du temps et de l'espace. Une heure s'écoule sans qu'on la sente passer. Et ce n'est qu'à la fin que les applaudissements éclatent pour se réduire dès que le deuxième groupe, El Ichrak d'Adrar, rejoint la scène. Assis en tailleur, tout de blanc vêtus, une quinzaine de choristes forment un demi-cercle autour du chanteur qui tient un luth et est accompagné par un percussionniste à la derbouka et un autre au pilon. Le chanteur entonne les premières notes suivies du son du pilon. Cet Ahellil est différent du premier. La voix est beaucoup plus pesante et porte fort les mots. Mais cette fois, le public ose et accompagne la troupe en tapant des mains, sans que cela plombe l'ambiance, bien au contraire. W. S.