Intervenant avant-hier au Sénat, il a estimé que la question des droits de l'homme a connu un progrès palpable. Après son intervention sur l'amnistie générale qui a suscité moult interrogations, maître Ksentini met les choses au clair. «Ce que j'ai dit sur l'amnistie générale n'engage que moi», a déclaré le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh). S'exprimant à la fin de la conférence-débat sur la démocratie et les droits de l'homme, tenue lundi soir au Sénat, M.Ksentini a voulu lever toute ambiguïté sur ses propos. «Je ne suis pas un poisson-pilote, ni un requin-marteau», a-t-il précisé en soulignant que la question de l'amnistie générale concerne le président de la République. «C'est à lui (le président de la République Ndlr) de décider d'aller vers une amnistie», a-t-il clarifié. Si le président de la Cncppdh s'est donné la peine de revenir sur ce point ce n'est pas pour rien. M.Ksentini a saisi l'occasion de ce cadre pour répondre indirectement aux commentaires des uns et des autres qui s'interrogeaient sur ses motivations. Le président de la Cncppdh a-t-il reçu le feu vert du Président ou a-t-il fait sa mise au point unilatéralement? Les partis de l'Alliance présidentielle qui soutiennent bec et ongles cette démarche se sont montrés prudents. Pour eux, cette question est du ressort du premier magistrat du pays et c'est à lui seul de trancher et fixer l'échéance. Dans sa déclaration, M.Ksentini a suggéré d'aller vers un référendum sur l'amnistie générale en 2010. Interrogé à ce sujet, en marge de l'ouverture de la session parlementaire d'automne, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a affirmé que «l'Etat ne pense pas actuellement au projet de l'amnistie générale». Par ailleurs, le Sénat a connu un débat animé sur la question de la démocratie et des droits de l'homme. M.Farouk Ksentini a estimé ainsi, que la question des droits de l'homme a connu un progrès palpable durant ces dernières années sans pour autant établir un constat. Sur l'expérience démocratique en Algérie, M.Ksentini a estimé que l'Algérie est un pays démocratique émergent. Le député du PT, M.Taâzibt, a plaidé, de son côté, pour l'élection d'une nouvelle Assemblée constituante afin de consacrer le principe de la démocratie et préserver le respect des droits de l'homme. Pour sa part, le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Souilah Boudjemaâ, a précisé que «la démocratie revêt une valeur universelle et n'appartient à aucun pays ou territoire spécifique». «Il n'y a pas de modèle typique pour la démocratie ou un cadre préfabriqué pour son exercice, y compris dans les démocraties occidentales», a-t-il indiqué. «L'avenir de la démocratie repose sur l'exercice de cette dernière par les partis et le mouvement associatif, aussi bien au sein de ces entités que dans leurs rapports», a souligné M.Souilah. Evoquant l'interaction existante entre la démocratie et les droits de l'homme, M.Souilah a mis l'accent sur l'importance de l'égalité des droits des citoyens. A ce propos, il a indiqué que «la Constitution algérienne a constitué un pas important sur la voie de la démocratie». Le conseiller auprès de la présidence de la République, M.Abderrazak Bara, a estimé que «toutes les sociétés sont disposées à adopter la démocratie et qu'il n'y a pas de société privilégiée pour l'exercice de ce concept». «Il n'y a pas d'autre système pouvant garantir et préserver les droits de l'homme que celui de la démocratie», a-t-il ajouté. M.Bouzid Lazhari, membre du Conseil de la nation, a résumé son intervention en estimant que la démocratie constitue l'autre visage des droits de l'homme.