Le marché de l'immobilier flambe en Algérie, une envolée spectaculaire avec des prix sur les trois dernières années dépassant les 300% d'augmentation dans certaines régions comme Alger, Annaba et Oran. Dans les villes côtières, tant prisées par les ménages, les logements affichent des tarifs exorbitants: entre 5 à 7 millions de dinars pour un F3 à Oran contre 7 à 9 millions de dinars pour le même type de logement à Alger. A titre illustratif de cette fièvre immobilière, des agents immobiliers ont relevé qu'un logement de type F3 qui se vendait au niveau de la ville à 2.600.000 DA jusqu'en 2003, dépasse en 2009, la barre des 7.500.000 DA. Ce dernier, faut-il le préciser, n'est qu'un logement vétuste, la plupart du temps de plus de 20 ans alors que la location a connu, durant le même laps de temps, une augmentation de l'ordre de plus de 5000 DA/mois. Prenant la parole, le président du Collège national des experts architectes, M.Abdelhamid Boudaoud, explique les raisons de cette montée des prix par «la spéculation sur le foncier, la hausse des matériaux de construction comme le fer ou le ciment et l'arrivée d'une clientèle aisée pour qui des projets luxueux sont en construction à travers les grandes villes». Selon l'intervenant: «Les prix des lots de terrain vont de 30.000 DA jusqu'à 300.000 DA le m² alors que nous avons 1.175.000 constructions inachevées, à travers le territoire national. C'est ce qui donne près de 3 millions de logements inachevés, sachant que le permis de construire a une durée de vie de trois ans maximum. Donc, pourquoi ces constructions inachevées existent toujours?» «La question reste posée», s'interroge-t-il. M.Boudaoud a relevé le déficit en ciment, expliquant de ce fait que «le nouveau million de logements inscrit dans le quinquennat (2010-2014), nécessite 40 millions de tonnes de ciment pour le réaliser». Revenant à l'envolée des prix du foncier, l'orateur estime que cette flambée s'est répercutée sur les prix du logement. Il propose ainsi une nouvelle formule. Elle consiste à «alléger les prix du terrain et aboutir ainsi à un logement à 3 millions de DA». Dans son intervention, le représentant du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Rachid Metref, a estimé qu'«il n'y a pas de crise du logement, mais une mauvaise gestion des logements», relevant la nécessité de conjuguer les efforts entre tous les acteurs du secteur pour résoudre les dysfonctionnements. Il a mis l'accent, à ce titre, sur l'importance de disposer de surfaces urbanisables supplémentaires et de trouver des solutions durables au problème du foncier. Evoquant la politique nationale de développement du logement promotionnel, le même responsable a fait savoir que cette catégorie de logements ne représente que 5% du parc immobilier. «En dépit de tous les assouplissements adoptés et des mesures prises pour dynamiser le marché de l'immobilier et faciliter ainsi l'accès à la propriété, nous n'avons pas réussi à atteindre l'équilibre entre l'offre et la demande», a-t-il fait remarquer. Selon lui: «Avec toute la volonté des pouvoirs publics pour créer une demande solvable, le crédit à l'immobilier ne couvre en réalité que 20 à 30% du prix du logement.» S'agissant de la contribution apportée par cette banque de l'habitat pour faciliter l'accès à la propriété immobilière, le sous-directeur chargé du crédit, Belaïd Rachid, a affirmé que son établissement accorde, en moyenne, 15 à 20 milliards de DA de crédits par an. Il a précisé qu'en 2008, plus de 90% des financements accordés sont destinés aux promoteurs privés et que 60% des crédits sont octroyés pour les cessions entre particuliers.