La mission a constaté que, pendant la période qui a précédé l'attaque militaire israélienne contre Ghaza, Israël a imposé un blocus équivalent à un châtiment collectif et a mené une politique systématique d'isolement du territoire. Israël a ouvert les hostilités hier contre les conclusions de la commission Goldstone de l'ONU l'accusant de crimes de guerre durant son offensive militaire à Ghaza l'hiver dernier. «Nous mobiliserons nos amis à l'ONU, notamment les Etats-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré», a déclaré à la radio militaire le vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon. Le porte-parole des Affaires étrangères, Ygal Palmor, a expliqué qu'Israël allait déployer des efforts tous azimuts «pour bloquer et contrer les effets nocifs et pervers du rapport de la commission Goldstone». Dans un document de 574 pages publié mardi à New York, une mission d'enquête de l'ONU, présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone, accuse les forces armées israéliennes «d'actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité». La mission a entendu 38 témoignages au cours de deux audiences publiques distinctes tenues à Ghaza et à Genève, qui ont été diffusées dans leur intégralité sur Internet. La décision d'entendre des participants venant d'Israël et de Cisjordanie, à Genève, plutôt que in situ a été prise après qu'Israël ait refusé l'accès de la mission aux deux endroits. Israël n'a également pas répondu à une liste complète de questions posées par la Mission. Les autorités palestiniennes à Ghaza et en Cisjordanie ont coopéré avec la Mission. La mission a constaté que, pendant la période qui a précédé l'attaque militaire israélienne con-tre Ghaza, Israël a imposé un blocus équivalent à un châtiment collectif et a mené une politique systématique d'isolement progressif et de privation de la bande de Ghaza. Au cours de l'opération militaire israélienne, du nom de code «Opération Plomb durci», des maisons, des usines, des puits, des écoles, des hôpitaux, des postes de police et autres bâtiments publics ont été détruits. Les familles vivent encore dans les décombres de leurs anciennes maisons, longtemps après la fin des attaques, puisque la reconstruction a été impossible en raison de la poursuite du blocus. Plus de 1400 personnes ont été tuées au cours de l'opération militaire. Un traumatisme important, aussi bien immédiat qu'à long terme, a été subi par la population de Ghaza. Le rapport note des signes de profonde dépression, d'insomnie et des effets tels que l'énurésie chez les enfants. Les effets sur les enfants qui ont été témoins des massacres et des violences, qui pensaient mourir et qui ont perdu des membres de leur famille dureront longtemps, constate la mission, en notant dans son rapport que 30% des enfants rencontrés dans les écoles de l'Unrwa souffrent de problèmes de santé mentale. Le rapport conclut que l'opération militaire israélienne était dirigée contre la population de Ghaza dans son ensemble, pour servir une politique globale et continue, visant à punir la population de Ghaza, dans une politique délibérée d'utilisation de la force disproportionnée contre la population civile. La bande de Ghaza a été la cible d'une offensive dévastatrice de Tsahal du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 censée faire cesser les tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens contre le territoire israélien. Israël craint qu'à l'initiative de pays arabes, ce rapport accablant soit soumis au Conseil de sécurité de l'ONU, et que ce dernier décide ensuite de le transmettre à la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye, indique un officiel anonyme cité par le quotidien Haaretz. Dans ce cas de figure, la CIJ pourrait vouloir juger des dirigeants politiques ou des chefs militaires israéliens impliqués dans l'opération «Plomb Durci» contre Ghaza et émettre à cette fin des mandats d'arrêts internationaux. «Nous allons faire tout notre possible pour empêcher qu'il y ait des suites juridiques à ce rapport en démontrant qu'il est malhonnête et politiquement biaisé», a affirmé à la radio publique Gabriela Shalev, l'ambassadrice d'Israël auprès de l'ONU. Dès le début, Israël a refusé de coopérer avec la mission Goldstone, estimant, selon un communiqué des Affaires étrangères, que «son mandat était clairement partial».