L'Algérie abrite à partir d'aujourd'hui, une conférence régionale africaine sur la contribution de l'énergie nucléaire à la paix et au développement durable et ce, en collaboration avec l'AIEA. Cette rencontre se tient dans une conjoncture marquée surtout par nombre de questions qui se posent sur le devenir pour la dissuasion nucléaire. Les Etats-Unis disposent de 5 300 ogives nucléaires et 5 000 autres placées en réserves. De son côté, la Russie disposerait de quelques 4 700 ogives opérationnelles, auxquelles s'ajouteraient 3 400 têtes non-stratégiques et 8 800 armes en réserve, soit un total d'environ 16 000 ogives nucléaires dont les conditions de sécurité et de stockage inquiètent les Occidentaux. Le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) signé le 1er juillet 1968 par 62 états dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS et ratifié par la Chine et la France en 1992, marquait l'engagement de ces pays à ne pas diffuser les technologies nucléaires militaires à d'autres états. Le traité n'interdit pas l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques ; les parties s'engagent par ailleurs à faciliter l'échange d'équipements, de matières et de renseignements dans ce domaine. Le traité prévoit, en outre, que les avantages découlant de cette utilisation pacifique doivent être accessibles à tous les états. Entre temps, de nouveaux pays ont annoncé avoir mis au point des armes nucléaires. L'Inde et le Pakistan, non signataires du TNP, sont considérés comme puissances nucléaires "de facto " depuis les essais respectifs de mai 1998. D'autres états, qualifiés de "pays du seuil" possèdent ou pourraient posséder dans les prochaines années des armes nucléaires. M. Mohamed Sofiani, ambassadeur directeur des Affaires politiques internationales au ministère des Affaires étrangères a déclaré hier, que l'intérêt affiché par l'Algérie pour le nucléaire pacifique ne date pas d'aujourd'hui. "Les deux centrales nucléaires ouvertes datent des années 1995. L'Algérie est déjà engagée dans l'entreprise de désarmement. Notre pays est signataire de l'ensemble des conventions et traités internationaux sur le désarmement. Les deux réacteurs dont elle dispose sont soumis aux garanties de l'AIEA. Ils sont sujets à des inspections régulières de l'Agence. Une démarche qui n'est pas en contradiction avec notre aspiration à développer le nucléaire à des fins pacifiques". Dans ce cadre-là, il pense qu'il ne faut pas diaboliser les événements de circonstance pour les appliquer à l'ensemble des pays. "L'Algérie est signataire du TNP. Elle l'a fait de manière souveraine. Ses installations nucléaires sont soumises aux garanties de l'AIEA. Ce sont des engagements de notre part, qui nous autorisent à réclamer des droits, à savoir de bénéficier de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et c'est dans ce cadre que s'inscrit la coopération de notre pays avec l'AIEA". Il dira que l'Algérie à travers les forums et les rencontres internationalex ne cesse de dénoncer les "deux poids, deux mesures". "On a tendance aujourd'hui à tolérer un certain nombre d'états nucléaires", explique-t-il. Il ajoute "acquérir le nucléaire et avoir accès à la maîtrise, nous essayons à travers notre présence à Vienne de mobiliser l'ensemble des pays qui partagent notre préoccupation à bénéficier de notre droit accordé par le traité de non prolifération lui-même". Il estime que sur le plan africain, l'Algérie peut se considérer comme une puissance nucléaire pacifique. "Nous avons le commissariat à l'énergie atomique algérien qui dispose de capacités appréciables dans le domaine de la recherche et du développement". Il fera remarquer que l'Algérie s'est engagée dans le nucléaire pacifique, elle dispose de la ressource humaine. "Nous sommes en pleine application de ce programme dans différents secteurs". Il cite le secteur de l'agriculture, le dessalement de l'eau de mer, la santé, etc. Le TNP repose sur la distinction entre états dotés de l'arme nucléaire avant le 1er janvier 1967 (USA, ex-URSS, Chine Royaume-Uni et France et les autres). Les premiers s'engagent à ne pas aider les autres pays à acquérir les armes nucléaires ; les seconds s'engagent à ne pas en fabriquer ni rechercher à s'en procurer. Tous les pays ont cependant le droit d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Signé le 1er juillet 1968, le TNP est entré en vigueur le 5 mars 1970, après avoir été ratifié par les gouvernements dépositaires, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'ex-URSS et quarante autres pays. Reconduit en 1995, à la condition exigée par les pays arabes que les efforts de désarmement soient conduits avec Israël, 189 pays ont ratifié le TNP. Le 22 septembre 1998 un protocole additionnel est ratifié par 58 pays. Il complète les mesures de l'accord de garantie, fondé sur la vérification par l'AIEA, de la comptabilité des matières nucléaires déclarées par les pays. Il prévoit un renforcement de l'étendue et de la précision des contrôles effectués par les inspecteurs de l'Agence. Le traité d'interdiction complété des essais nucléaires (TICE) ouvert en 1996 et signé par 155 états au 31 décembre 1999 dont les cinq pays sont dotés de l'arme nucléaire ne pourra entrer en vigueur que lorsque 44 pays désignés, parce que considérés comme des puissances nucléaires militaires et civiles par l'AIEA, l'auront ratifié. Parmi ceux-ci, ni l'Inde ni le Pakistan ni la Corée du Nord, ne l'ont encore signé.