Hier matin à l'APN, pour un grand nombre de députés, ce fut le baptême du feu. Le feu roulant d'un Premier ministre soucieux avant tout de mettre les points sur les «i» pour développer sa thèse sur le devenir de l'Algérie malgré les difficultés du moment. Difficultés dues pour l'essentiel, selon la vision du Chef du gouvernement, à la férocité de la «bête immonde» et aux méfaits avec lesquels elle n'a cessé de souiller la terre algérienne depuis plus de dix ans. Par bête immonde, M.Ali Benflis entendait rappeler que l'ennemi du peuple algérien n'est autre que l'intégrisme islamiste. L'inté-grisme dont il ne se gênera pas à qualifier les membres «d'égorgeurs d'innocents». Discours fédérateur s'il en fut, il comporte au moins trois volets essentiels dont le premier est consacré à la bataille à mener contre le terrorisme islamiste jusqu'à sa disparition définitive. Et là il rappelle les devoirs de la nation dans ce qu'elle se doit de s'impliquer plus en avant dans le démantèlement des derniers groupuscules terroristes dont les méfaits se traduisent malheureusement chaque jour en autant d'assassinats d'innocents ravis à l'existence au nom de l'Islam pour lequel le FLN, selon Ali Benflis qui s'adressait la semaine dernière aux élus de son parti, n'a jamais cessé de protéger les vertus et les grands principes d'équité. Il est vrai qu'aujourd'hui la conjoncture est différente par rapport au calvaire qui s'est abattu sur l'Algérie depuis plus de 10 ans. Depuis le 11 septembre 2001, le monde, jusque-là peu soucieux pour, ne pas dire indifférent à la situation prévalant en Algérie et à la lutte qu'elle menait seule contre le terrorisme islamiste, s'est soudain trouvé projeté dans l'horreur en regardant, impuissant, s'écrouler les deux tours du World Trade Center de New York sans parler du drame humain qui s'y était produit. Dotée d'une prémonition sans égale, l'Algérie, qui s'était évertuée à en appeler à maintes reprises à une «action internationale» pour éradiquer le fléau terroriste, ne s'étonne pas aujourd'hui de découvrir que l'ensemble des autres pays de la planète se sont finalement réveillés pour découvrir, à leurs dépens, que le terrorisme islamiste compte des réseaux transnationaux grâce auxquels un ordre de détruire ou de tuer envoyé d'un coin «y» d'un continent peut se traduire en quelques secondes en impacts «x» à l'autre bout du globe. Le deuxième gros dossier évoqué par Ali Benflis fut la Kabylie. La région de Kabylie, «chère au coeur de tous les Algériens, connaît, depuis maintenant plus d'une année, une situation de crise qui interpelle chacun de nous». Là encore, Ali Benflis a rappelé sa disponibilité en soulignant qu'il était prêt à écouter toutes les doléances pour peu qu'il n'y ait pas de préalables. «Je comprends et je respecte l'attachement de certains, dira-t-il, à leurs positions, mais, tous ensemble nous devons faire converger nos efforts pour que la sérénité et l'apaisement s'installent, à nouveau, en Kabylie...» Prise de position nette, claire et précise. A l'autre partie de se ressaisir et de prendre conscience que la région de Kabylie constitue le patrimoine de tous les Algériens et qu'il faut désormais pour la sortir de sa crise l'aborder par le biais de la concertation. Le reste du discours de Ali Benflis il l'a consacré aux grandes réformes et aux moyens à mettre en oeuvre pour les faire aboutir. Parmi ces réformes il y a, bien évidemment, à se mettre d'accord sur la procédure et les objectifs qu'on voudrait atteindre. En particulier à propos de l'éducation nationale pour la réforme de laquelle au sein du FLN une commission a été créée, une commission présidée par l'ancien ministre Belayat, pour qui les critiques visant la laïcité n'ont pas lieu d'être comme celles concernant ce qui rappelle en ce début du troisième millénaire, tous les archaïsmes auxquels se sont attachés les «cols blancs» de la mouvance islamiste pour décréter l'arriération de l'école algérienne. Car, en effet, la réforme de l'éducation planifiée à travers le programme présenté hier par le Chef du gouvernement «à la première Chambre pluraliste» du Parlement devrait aboutir à la naissance d'une école qui ne sera ni laïque ni rétrograde, mais une école moderne, adaptée à son temps.