Les deux adversaires ont toutefois pris soin de ne pas claquer définitivement la porte à un accord de réconciliation interpalestinien, déjà retardé à plusieurs reprises L'approche des élections palestiniennes exacerbe les rivalités entre l'Autorité palestinienne et son rival islamiste du Hamas en dépit des efforts de l'Egypte pour obtenir un accord de réconciliation interpalestinien. A l'évidence, les deux camps «s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre», constate Hani al-Masri, analyste politique à Ramallah (Cisjordanie), après les récents discours du président palestinien Mahmoud Abbas et du chef du Hamas en exil Khaled Mechaal. Lors de ces allocutions télévisées, M.Abbas a accusé le Hamas d'exploiter «l'affaire Goldstone» pour retarder la réconciliation tandis que Khaled Mechaal a remis en cause la «légitimité» du président. La déchirure interpalestinienne remonte à juin 2007 lorsque le Hamas, au terme de combats sanglants, a chassé de la bande de Ghaza le Fatah, parti loyal à l'Autorité palestinienne, qui ne contrôle plus que la Cisjordanie. Les deux adversaires ont toutefois pris soin de ne pas claquer définitivement la porte à un accord de réconciliation interpalestinien, déjà retardé à plusieurs reprises, souligne Hani al-Masri. Le Fatah, qui est loyal à M.Abbas, s'est rangé à un compromis de l'Egypte qui propose aux deux parties de signer séparément d'ici la fin de la semaine l'accord de réconciliation afin de préserver un semblant d'unité palestinienne. Dans un premier temps, les frères ennemis devaient se retrouver à la fin du mois au Caire pour signer en grande pompe l'accord de réconciliation, élaboré sous l'égide de l'Egypte. Mais le Hamas a réclamé un report de la cérémonie, accusant M.Abbas d'avoir accepté le report, sous pression américaine et israélienne, du vote du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU sur le rapport Goldstone, qui accuse Israël de «crimes de guerre» lors de son agression contre Ghaza de décembre 2008-janvier 2009. En filigrane se dessine l'enjeu crucial des élections présidentielle et législatives, censées se tenir au plus tard le 25 janvier, soulignent les analystes palestiniens. En vertu de la Loi fondamentale palestinienne, «il revient au président Abbas d'annoncer une date pour les élections avant le 25 octobre afin de ne pas créer de vide constitutionnel», soit trois mois avant le terme, précise Samir Awad, professeur de relations internationales à l'Université Bir Zeit, en Cisjordanie. Si les élections ne sont pas convoquées, le Fatah comme le Hamas vont «perdre leur légitimité», ce qui risque de déclencher une rivalité encore plus féroce entre les adversaires, enchaîne Walid al-Moudallal, historien et politologue à l'Université islamique de Ghaza. De fait, ni le Fatah ni le Hamas ne sont parvenus à obtenir la moindre des avancées qu'ils escomptaient sur le terrain à l'approche des élections. Le président Abbas est affaibli, sinon discrédité, par le cafouillage Goldstone, et les négociations sont au point mort entre l'Autorité palestinienne et Israël. Quant au Hamas, il règne sur un territoire en état de siège, dont la population est isolée et appauvrie par le blocus israélien. Pour l'heure, les deux factions semblent s'accorder sur un report des élections au 26 juin 2010, comme le proposent les médiateurs égyptiens. «La tendance est maintenant d'accepter que les élections se tiennent au milieu de l'année prochaine», confirme Bassam Al-Salhi, secrétaire général du petit Parti du Peuple palestinien (gauche). «Je ne pense pas qu'il y ait un homme politique ou un leader palestinien qui puisse se permettre d'avaliser une séparation définitive entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza», note George Jokman, directeur de la Fondation pour les études démocratiques de Ramallah.