Après avoir nié avoir cautionné le report du vote du rapport Goldstone sur la guerre de Gaza au Conseil des droits des l'homme de l'ONU, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a défendu dimanche ce report, accusant le mouvement islamiste de se servir de cette affaire. Cible de nombreuses critiques internes, le Hamas notamment, et externes, Mahmoud Abbas a, dans une allocution télévisée à Ramallah, assuré que la délégation palestinienne à Genève avait soutenu le report du vote du rapport Goldstone sur la guerre israélienne contre Gaza dans le but de réunir le maximum de soutien lors de son prochain examen. Il a expliqué : “Lorsque nous avons compris que nous ne serions pas en mesure de réunir suffisamment de soutien, nous avons demandé le report du projet de résolution à la prochaine session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU.” Mahmoud Abbas a, du reste, accusé dans son discours le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza de se servir de l'affaire Goldstone pour retarder la réconciliation interpalestinien. Dans cette optique il dira : “Nous sommes parfaitement conscients de cette campagne du Hamas destinée à servir leurs intérêts, qui sont de reporter la signature de l'accord de réconciliation.” Avant d'ajouter : “Ils veulent consolider leur pouvoir et leur régime à Gaza.” Il a répondu aux vives critiques du Hamas après le report du vote de ce document, qui accuse notamment Israël de “crimes de guerre” durant son offensive contre la bande de Gaza, en décembre et janvier. Le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, est revenu, dimanche soir, sur la gestion de ce dossier par la présidence palestinienne, estimant que celle-ci devait être “jugée pour avoir menti au peuple”. Il a affirmé que “le Fatah mérite une meilleure direction que celle qui a demandé le report du vote du rapport de Goldstone. Celle-ci a perdu sa légitimité et provoqué une vive colère du peuple palestinien”. Il a estimé que cette affaire avait “entravé la poursuite du dialogue interpalestinien de réconciliation et provoqué une atmosphère étouffante dans les relations entre les groupes palestiniens, rendant difficile la signature d'un accord à l'heure présente”. À ce sujet, il ajoutera : “Nous continuons à chercher avec nos frères égyptiens un calendrier opportun pour conclure un tel accord.” Pour rappel, le Fatah et le Hamas devaient se retrouver au Caire pour signer un accord de réconciliation le 26 octobre afin de mettre fin à la division interpalestinienne. Mais le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a reconnu que cette réunion serait probablement reportée de “quelques semaines” en raison de l'affaire du rapport Goldstone. L'Autorité palestinienne et le Hamas sont en conflit ouvert depuis la violente prise de la bande de Gaza par le mouvement islamiste en juin 2007, qui en a évincé par la force son rival du Fatah, fidèle à Mahmoud Abbas. Ils ont entamé en février ce dialogue de réconciliation, sans parvenir à s'entendre jusqu'ici. L'Egypte, qui parraine les discussions interpalestiniennes, a déjà reporté à deux reprises la signature d'un accord.