En termes à peine voilés, le Chef du gouvernement a demandé que la place soit laissée aux jeunes compétences. Le Chef du gouvernement n'a pas attendu longtemps pour faire une déclaration s'apparentant à une mise au point par rapport à des déclarations venues qualifier le Nepad de «plan de mendicité». Dans un discours fait à l'occasion de l'ouverture du colloque international «Mémoire et futur» ouvert à Alger, M.Ali Benflis a déclaré, en présence des représentants des ONG et de personnalités africaines et européennes venues de 23 pays, que le temps est venu pour l'Afrique de se prendre en charge, ajoutant que le Nepad demeure «le meilleur cadre de sortie de la pauvreté». Poussant plus loin son raisonnement, le Chef du gouvernement a ajouté: «La jeunesse africaine doit prendre le relais en menant une révolution capable de sortir l'Afrique de son gouffre comme cela a été fait par ces doyens qui l'ont libérée du colonialisme.» Insistant sur la bonne gouvernance, qui devrait être la monnaie d'échange contre tout partenariat équitable avec les grandes puissances, le chef de l'Exécutif a voulu, en fait, mettre les points sur les «i» en lançant un appel aux dictatures qui montrent une certaine réticence vis-à-vis du grand projet du Nepad approuvé par le G8 et les pays africains. C'est d'ailleurs en ce sens qu'il a affirmé que la jeunesse africaine est capable de prendre la relève. M.Ali Benflis a exhorté les Etats africains à adopter la stratégie du regroupement pour faire face aux grands problèmes et aux défis auxquels est confronté le continent, notamment celui de la dette. A ce propos, le Chef du gouvernement n'a pas manqué d'établir le parallèle entre le défi de la décolonisation et celui de la renaissance africaine. Selon Benflis, la renaissance économique et sociale devra passer par le respect des droits de l'Homme et des libertés en Afrique, et l'alternance au pouvoir par les élections qui figurent parmi les principaux engagements des initiateurs du Nepad dont le chef de l'Etat Bouteflika, partis plaider la cause africaine au sommet du G8 à Kananaskis au Canada. Le projet UA, a-t-il ajouté, se présente comme une initiative prometteuse qui ne peut que consacrer la volonté des Africains à s'unir et à mettre fin aux conflits qui épuisent le continent. La sortie de Benflis montre en quelque sorte l'appréhension des trois chefs africains - Bouteflika, Obasanjo, le Nigérian et le Sud-Africain, Mbeki - de voir leurs engagements auprès du G8 au Canada, compromis par la réticence, voire le rejet de certaines dictatures africaines, qui n'arrivent pas à se faire à des changements pourtant devenus inéluctables.