Particulièrement sensibilisés par rapport à cette question, les parlementaires, toutes tendances confondues, ont préconisé le dialogue et une solution concertée. Toutes les interventions des élus du peuple ont achoppé sur la problématique kabyle, qui perdure depuis une année et demie. Faisant montre d'une maturité certaine, les nouveaux membres de la Chambre basse du Parlement algérien ont tous, en abordant ce sujet délicat, mis de côté les considérations partisanes pour ne s'intéresser qu'au meilleur moyen d'en finir avec cette question sans que les intérêts des uns et des autres soient lésés. Il n'était, de ce fait, pas rare de voir des parlementaires représentants de la coalition gouvernementale tancer vertement la dualité de la politique de l'Exécutif qui, tout en préconisant un «dialogue sans préalable» n'en continue pas moins de mener la chasse aux délégués du mouvement citoyen, de mener la vie dure aux élus locaux du FFS et de maintenir en détention des citoyens qualifiés par les ârchs de «détenus d'opinion». Des représentants de l'opposition, à l'instar du groupe parlementaire du parti de Louisa Hanoune, ont dépassé le stade des simples récriminations pour demander, voire exiger que «des mesures d'apaisement» soient immédiatement prises avant que n'advienne l'irréparable. A mesure que le temps passe, en effet, la fracture semble s'aggraver entre le pouvoir d'un côté et le mouvement citoyen de l'autre. La grève de la faim des détenus en Kabylie risque de tourner au drame si rien n'est fait en direction de ces personnes. Le mouvement, qui avait eu des réactions plus ou moins mitigées par rapport à la nouvelle proposition de dialogue de Benflis, ont fini par la rejeter catégoriquement après avoir constaté qu'aucun geste de bonne volonté n'ait accompagné cet appel. Cette réaction semblait d'autant plus attendue que ce mouvement avait déjà, par le passé, eu à rejeter toute offre de dialogue sans satisfaction préalable des quinze points de la plate-forme d'El-Kseur et la libération des détenus du «printemps noir». Ce sont ces raisons sans doute, qui n'ont pu échapper à la perspicacité des membres du gouvernement, qui ont poussé les députés, toutes couleurs politiques confondues, à parler comme un seul homme pour tirer la sonnette d'alarme et souligner avec force que si rien n'est fait dans les plus brefs délais, des conséquences très lourdes pour le pays peuvent survenir à tout moment. Les députés, représentant le peuple dans son entier, en s'exprimant comme un seul homme, devraient pousser le gouvernement à revoir sa copie dans le traitement qu'il a, jusque-là, réservé à ce dossier hautement sensible.