Les classes sont désertées. La colère des élèves et lycéens de Tizi Ouzou est montée de plusieurs crans, hier dès la première heure de la journée. Et ce n'est pas évident que les choses s'estompent de sitôt car, pour les concernés, tant qu'il n'y a pas de réponse favorable à leurs deux revendications principales, il est hors de question d'arrêter la grève dont le coup de starter a été donné jeudi dernier. Hier, premier jour de semaine, les élèves, collégiens et lycéens de Tizi Ouzou se sont présentés dans la matinée à leurs établissements respectifs mais une fois sur place, et après concertation dans certains cas, et spontanément dans d'autres, les élèves ont rebroussé chemin. Ces derniers ont parcouru quelques rues de la ville des Genêts avant de ponctuer leur action de protestation par un grand rassemblement devant le siège de l'ancienne mairie, au boulevard Abane-Ramdane, plus connu sous le nom de la «Grande Rue». La colère des élèves, qui scandaient des slogans en faveur de l'allègement de l'emploi du temps, était perceptible sur tous les visages. Même les enseignants, rencontrés à quelques mètres des élèves protestataires, semblent partager la réaction de ces derniers. «Les emplois du temps sont extrêmement chargés, c'est antipédagogique que les élèves sortent à 17h30», indique un enseignant de français du lycée Amirouche. Même réaction de la part d'un enseignant de physique du même établissement, qui souligne que les élèves, une fois sortis à 17h30 n'ont ni le temps de se reposer ni le temps pour réviser leurs leçons. Les affirmations de ces deux enseignants sont pourtant d'une évidence flagrante. Des collégiens du CEM «Lotfi», également en débrayage depuis jeudi, nous ont confié qu'il leur est impossible de supporter un tel rythme de travail scolaire. La situation est plus compliquée dans les écoles et les lycées des villages reculés. Les enfants scolarisés habitent dans leur majorité à des kilomètres de leurs établissements respectifs. Sortir à 17h30 signifie carrément arriver à la maison et dormir. Les élèves du CEM de Ouaguenoun, par exemple, sont obligés de parcourir plus de trois kilomètres à pied pour arriver sur place. En moyenne, 40 minutes de marche. Ce qui veut dire que les concernés ne peuvent rentrer chez eux avant 18h30.Ce qui a mis de l'huile sur le feu, hier, dans la matinée, c'est l'exigence de porter une blouse imposée aux élèves et lycéens depuis la rentrée scolaire 2009/2010. La majorité des élèves ont été empêchés d'accéder aux classes pour ne pas avoir porté de tablier. C'était la goutte qui a fait déborder le vase. Aucune réaction n'est à signaler du côté de la direction de wilaya de l'éducation. Ce silence des responsables du secteur serait dû au fait qu'il s'agit d'un problème national, selon des sources proches de l'Académie de Tizi Ouzou.