C'est un peu le leitmotiv des clubs algériens, tous désargentés, mais programmant leur préparation hors du pays. Chaque été, le même phénomène se reproduit : l'incontournable préparation d'avant-saison en France, en Tchéquie, en Pologne et pour les plus prudents(?) se contentant de la Tunisie ou du Maroc. Ainsi va le football algérien qui a atteint le fond, mais qui continue de vivre au-dessus de ses moyens. Car, outre les séjours à l'étranger, dont on se demande sur quels budgets ils sont indexés, il y a également l'autre phénomène, celui des transferts de joueurs qui voient des milliards de centimes changer de main, sans que le fisc ait un droit de regard sur ces transactions, sur la régularité desquelles il est permis de s'interroger. Ces dépassements défrayent la chronique et ne sont, en fait, que la partie visible de l'iceberg. D'où la question qui s'impose: comment des Clubs sportifs amateurs (CSA), - statut actuel des clubs algériens, y compris ceux dits de l'élite -, dépendant essentiellement de la subvention de l'Etat (APC, APW, DJS notamment) peuvent-ils se permettre de mener un train de vie peu en rapport avec la réalité? Réalité que vivent douloureusement les clubs et les joueurs chaque saison, les premiers ayant toujours des difficultés à tenir leurs engagements, les seconds vivant les affres du manque d'argent. Cette situation a des répercussions négatives sur le déroulement du championnat. Mais cette dérive a pris aujourd'hui des dimensions, qui confinent à l'absurde, du fait de la démission collective autant des autorités politiques, que de celles directement concernées par la gestion du patrimoine sportif national. Partout dans le monde, un club est tenu de remplir un certain nombre d'obligations conformément tant aux règlements sportifs qu'aux lois fiscales en vigueur. Deux cas éloquents peuvent être mis en exergue: celui de l'OGC Nice en France, et ceux de l'AS Rome et de la Lazzio Rome en Italie. Nice, qui a accédé cette saison en Ligue 1 (D I française), a été reléguée en Nationale (D III) par les instances du football français du fait que ce club ne remplissait pas les critères du championnat de l'élite. Il a fallu que le club niçois rétablisse sa situation financière conformément aux règles de la ligue professionnelle pour retrouver sa place en Ligue 1. C'est également le cas pour les deux prestigieux clubs romains: la Roma et la Lazzio, écartés provisoirement du championnat 2002-2003, et sommés, par les autorités du football italien, de régulariser leur situation vis-à-vis de la loi avant le 29 juillet. S'expliquant, le président de la ligue italienne souligne: «On ne peut faire de faveur, ni de rabais à personne. Il y a des règlements rigides à respecter, car si on favorise une société qui n'est pas en règle, cela se fait au détriment d'une autre qui est en règle.» Voilà qui a au moins le mérite de la clarté, qui fait que la loi qui est au, dessus de tous s'applique à tous sans distinction. Aucun club n'est, ni ne peut se mettre, au-dessus des lois et des règlements. Qu'en est-il chez nous où le flou a toujours fait fonction de règlement, les clubs imposant souvent leurs desiderata? C'est ainsi que l'on focalise sur le système de compétition alors que l'urgence était de mettre en place les structures du professionnalisme qui, tout en donnant des droits aux clubs, les obligent également aux devoirs de la pratique. Par ailleurs, comment peut-on concilier, le statut amateur actuel des clubs de la D I et de la D II et les sommes énormes qui transitent entre ces derniers et les joueurs et cela dans l'opacité totale sans aucun contrôle des structures sportives et financières du pays? La FAF doit d'abord organiser la gestion de son secteur en lui imposant des règles strictes avant de songer à changer le système de compétition. Car, si la FAF applique les règles universelles en vigueur, combien de clubs répondent à ces critères et sont réellement aptes (pas seulement sportivement) à être maintenus en division nationale I et même en D II? Pas beaucoup en vérité. Alors que veut dire porter l'actuelle division I à 18 ou 20 clubs quand moins d'une dizaine, et cela en étant généreux, sont en conformité avec les critères sportifs et financiers pour prétendre faire partie de l'élite. D'aucuns trouvent même le moyen de vouloir récompenser la médiocrité par le maintien en D I d'une formation (le MCA pour ne point le nommer) qui a échoué sportivement. Il appartient à la fédération d'énoncer les règles à remplir et à respecter par les formations sportives pour redonner au football algérien son audience avant de songer à revoir le fonctionnement du système de compétition. Car il vaut mieux avoir un championnat de qualité avec seulement dix clubs, et des dirigeants prêts à s'investir totalement pour la pratique, que de tenter de caser des équipes incapables d'envisager le long terme se focalisant sur la seule présence parmi l'élite. A l'instar des fédérations française et italienne, la FAF saura-t-elle mettre l'intérêt du football national au-dessus de tout, en exigeant, notamment, des comptes à des dirigeants qui crient misère toute l'année, mais organisent chaque été des préparations d'avant-saison à l'étranger? La rigueur, c'est aussi commencer à mettre de l'ordre dans la maison, n'est-ce pas MM.Raouraoua et Mecherara?