L'insurrection n'a cessé de s'intensifier et de s'étendre depuis presque trois ans et ses attaques ont nettement augmenté durant l'été, au point que les pertes civiles et militaires atteignent des records absolus. Les taliban ont appelé hier à boycotter le second tour de la présidentielle afghane prévu le 7 novembre, menaçant de représailles les électeurs qui se risqueraient à participer à ce «processus américain», alors que la campagne officielle démarrait le même jour. «L'Emirat islamique (d'Afghanistan) informe à nouveau le peuple que personne ne doit participer à ce processus américain et qu'il faut boycotter ce processus», ont indiqué dans un courriel les taliban, qui avaient déjà appelé à boycotter le premier tour du 20 août et menacé les électeurs à l'époque. La participation à ce calamiteux scrutin, entaché de violences et de fraudes massives, n'avait pas dépassé 38,7% au niveau national, et parfois à peine 5% dans les bastions insurgés du Sud. Les taliban préviennent que «tout électeur blessé sera responsable de sa situation» et appellent à «lancer des attaques contre les bases ennemies, empêcher les gens de participer à l'élection et bloquer la circulation des véhicules gouvernementaux et civils sur toutes les routes à partir de la veille de l'élection». L'insurrection n'a cessé de s'intensifier et de s'étendre depuis presque trois ans et ses attaques ont nettement augmenté durant l'été, au point que les pertes civiles et militaires (afghanes ou internationales) atteignent ces derniers mois des records absolus depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir fin 2001. Ces menaces sont rendues publiques le jour même de l'ouverture officielle de la campagne électorale du second tour, qui opposera le président sortant Hamid Karzaï à l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah. Après de fortes pressions diplomatiques, M.Karzaï a accepté cette semaine de disputer un second tour, ce qui lui a valu les félicitations de la communauté internationale. Le résultat final du premier tour avait été annoncé mardi, deux mois exactement après la tenue du scrutin. Plus d'un million de votes frauduleux pour M.Karzaï, soit un tiers de ses bulletins comptés dans les résultats préliminaires, ont été annulés, le faisant finalement passer à 49,67% des voix, contre 30,59% à M.Abdullah. Le communiqué des taliban transmis hier est la première réaction des insurgés depuis l'annonce d'un second tour. Ces menaces, combinées à la désillusion des Afghans envers leurs politiciens, font craindre une participation encore plus basse qu'au premier tour. Selon des diplomates, MM.Karzaï et Abdullah sont toujours en train de négocier pour tenter de conclure un accord qui éviterait un nouveau vote. Mais dans une interview vendredi à CNN, M.Abdullah a exclu de participer à un éventuel gouvernement Karzaï: «J'ai quitté le gouvernement de M.Karzaï il y a environ 3 ans et demi et depuis lors je n'ai pas été tenté d'en faire à nouveau partie (...), de prendre part à la même situation qui se détériore». M.Abdullah a aussi accusé M.Karzaï et la Commission indépendante électorale (IEC), organisatrice du scrutin et considérée comme pro-Karzaï, d'avoir participé aux fraudes. De son côté, le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, a dit avoir «eu l'assurance de l'IEC que tout le personnel directement impliqué dans des fraudes ou employé dans des bureaux de vote où une fraude massive s'est produite ne seront pas réemployés». M. Eide a prévenu que les experts de l'ONU vérifieront que le gouvernement afghan tient sa promesse. Il a aussi admis qu'éliminer toute fraude serait impossible mais, a-t-il dit, «ce sur quoi je compte et ce que j'espère, c'est d'en réduire le niveau».